Règle générale, il s’écoule environ quatre ans entre les derniers albums studio de Blind Guardian. Nous voici donc dans cette quatrième année et la troupe de bardes allemands nous offre leur neuvième album studio intitulé ‘At The Edge Of Time’. Les thèmes abordés sont principalement inspirés des écrits de Michael Moorcock, Peter S. Beagle, Robert Jordan et John Milton. Les deux derniers albums étant plus qu’ordinaires, la question existentielle est à savoir si le groupe peut se retrousser les manches et écrire un album à la hauteur de leurs chefs-d'œuvre passés.
Après une longue introduction digne d’une musique de film, l’orchestration de ‘Sacred World’ laisse plus d’espace à la musique métal. La combinaison de l’orchestration et de la durée de ce titre fait penser à la pièce ‘And Then There Was Silence’. On y retrouve un bel équilibre entre l’orchestration et le style métal du groupe, un peu plus de vitesse aurait été cependant bienvenue, surtout pour une composition placée en tout début d’album. On croirait se retrouver sur un tout autre album lorsque le second titre envahit nos haut-parleurs! La vitesse est un élément important de ce titre, de même que la voix agressive de Hansi. ‘Tanelorn (Into The Void)’ est une composition qui pourrait aisément se retrouver sur l’album ‘Somewhere Far Beyond’. La musique est directe et centrée sur les guitares de Marcus et d’André. Non seulement le titre fait référence à ce superbe album, le style de la musique aussi! ‘Ride Into Obsession’ est une autre pièce qui met en valeur le vieux style Thrash du groupe. Cela est habilement mélangé avec le son moderne que l’on retrouve sur les derniers albums du groupe. Ce qui est le plus fascinant est que cela est fait sans une orchestration grandiose ou une compression excessive au niveau de la sonorité. La mélodie est entrainante, le refrain est majestueux tout en restant simple. Cette composition aurait sa place sur l’album ‘Imaginations From The Other Side’. ‘Curse My Name’ est une autre composition qui rend hommage au glorieux passé du groupe. Le style médiéval fait bien entendu penser à la très belle ‘A Past and Future Secret’. Les titres ‘Valkyries’ et ‘Control The Devine’ ont beaucoup de potentiel, mais le groupe se retrouve à mi-chemin entre leur vieux et leur nouveau style. Le résultat est des compositions qui sont très génériques. La fin de cet album cependant est très solide et fait presque oublier les compositions ordinaires que l’on retrouve en milieu d’album. ‘A Voice In The Dark’ est rapide, simple et direct. Les guitares sont lourdes et la voix de Hansi complémente très bien la musique. Le groupe a conservé sa meilleure composition pour la fin. ‘Wheel Of Time’ renferme tout les éléments classiques de Blind Guardian. L’introduction mélancolique, les guitares énergiques et mélodiques ainsi que plusieurs changements de rythmes et de style.
On remarque immédiatement que Blind Guardian essaie de plaire aux amateurs de leur vieux style ainsi que ceux qui préfèrent leur style plus récent. On retrouve donc un album qui semble disparate, mais sur lequel on retrouve des compositions qui vont plaire tout les amateurs de groupe. Il est dommage que la production soit toujours aussi compressée et que la musique contienne autant de couches superposées. Ce n’est pas le cas sur toutes les compositions, mais cela est très évident sur celle qui représente le style actuel du groupe. ‘At The Edge Of Time’ est supérieur aux deux derniers albums du groupe simplement parce que le groupe ne s’entête pas à orchestrer chaque composition de l’album.