La première chose que j’ai pensée à propos de Strigampire, c’est qu’il fallait du cran (et de l’imagination) pour mettre une chute d’eau, un démon enchaîné et une bouteille de Jack Daniels dans la même illustration. Issu de Trois-Rivière, ce groupe de Death Mélodique nous présente son premier album, Where Torments Drown, et le moins qu’on puisse dire, c’est que Laviolette serait sûrement très fier de ses descendants.
L’album débute calmement avec Black River of Sorrows, une introduction instrumentale jouée à la guitare 'clean'. Quand la pièce suivante, Within These Walls, s’enchaîne, on est soufflé : un roulement de grosses caisses écrasant, un riff dévastateur et un cri démoniaque, nous voila conquis, et on reste sous le choc. On découvre aussi la production signée Jef Fortin, excellente, que ce soit au niveau des guitares que de la batterie, même si la basse reste un peu trop en retrait, comme c’est trop souvent le cas. Cette chanson résume bien le style de Strigampire : des riffs mélodiques et accrocheurs, un très bon équilibre entre les mélodies et l’agressivité, entre la technique et la simplicité.
La voix est en autre élément essentiel de l’album : le chant hurlé de Steve De Cotret, puissant et hargneux, est tout simplement le meilleur scream que j’ai entendu depuis Angela Gossow (Arch Enemy), et vaut à lui seul le détour. Seul bémol, si Steve nous a prouvé qu’il pouvait varier sa voix, que ce soit vers l’aigu ou vers le grave (comme dans The Ocean Between Us), il le montre assez rarement. Une plus grande variété des styles vocaux aurait été appréciée.
Au niveau de l’écriture, bien que certains passages déçoivent un peu, on a droit à un très bon travail. Les riffs (comme celui qui introduit Forever Condemned) sont souvent remarquables, et certains moments (comme le refrain de Weaker Than Vice ou l'introduction de Within These Walls) sont d’une intensité rarement atteinte.
L’album finit comme il a commencé, avec un morceau instrumental plus calme, cette fois ponctué d’un solo mémorable. Mémorable comme cet album, qui mérite de propulser Strigampire parmi les grands groupes québécois : intense, bien écrit et interprété, c’est une indéniable réussite.