Premier album de la formation black métal montréalaise Forteresse, Métal Noir Québécois présente deux musiciens bien connus de la scène black du Québec, Athros (voix) et Moribond (instruments), ici au sommet de leur forme. Ce style de métal semble se développer de plus en plus dans notre province, et à en croire toutes les récentes publications, dont cet album, on ne peut qu’approuver le fait que le Québec est maintenant une référence black metal mondiale.
Rappelant le black norvégien par sa force et son aspect cru, la musique de Forteresse est brutale, rapide et incisive bien que demeurant mélodique et frôlant même l’épique dans certains passages. Les riffs de guitares, en majorité basés sur un « tremolo-picking » mélodique, sont superposés à une batterie agressive dont la qualité n’a rien à envier aux meilleurs albums du genre. Souvent, l‘aspect musical laisse à désirer lorsqu’il est le fruit d’un seul musicien qui n’a pas nécessairement la maîtrise de chaque instrument, mais c’est tout le contraire sur Métal Noir Québécois, dont la musique est somme toute excellente. Le chanteur offre également une parfaite représentation d’une voix « black metal » de première qualité, maîtrisée avec brio, tordue et distorsionnée à souhaits. À noter que toutes les pièces, et ce presque du début à la fin de celles-ci, sont d’un tempo très rapide. La qualité de la production surprend positivement, n’abusant pas du son « lo-fi » cher à plusieurs groupes de raw black metal.
Les paroles, toutes en français, sont empreinte de nationalisme québécois et parlent de traditions, de patriotisme, de culture, d’honneur de la nation et de la gloire de nos ancêtres. La qualité de celles-ci est toutefois très bonne et les textes sont originaux bien que ces thèmes soient fréquents dans le black metal.
Les six pièces de l’album, toutes d’une durée supérieure à sept minutes, sont quelquefois agrémentées d’extraits traditionnels de chansons de « violoneux » québécois, tel que Joseph Allard, dont la photo orne la pochette du disque. C’est d’ailleurs sur un air de rigaudon que s’entame l’écoute, suivie presque immédiatement des blast beats et des guitares mordantes de « La Moisson De La Liberté ». La longue « Une Nuit Pour La Patrie », seule chanson à n’être pas rapide d’un bout à l’autre, cède ensuite sa place à un torrent ininterrompu de brutalité qui nous mène jusqu’à l’épique « Honneur Et Tradition » en clôture de l’album.
Le seul point négatif à être soulevé est le flagrant manque de variété. Il est évident que le but de cette musique n’est pas tant d’être originale que de plaire aux amateurs du genre. Malgré tout, les pièces, bien que bonnes, se ressemblent toutes. La continuité de l’album est ainsi assurée, mais plusieurs décrieront le fait qu’aucune des pièces ne sorte du moule.
En bref, cet album est un ‘’must’’ pour tous les fans de black metal dans la plus pure signification du terme. Tout en demeurant fidèle à la tradition et aux normes du genre, Forteresse nous sert ici un Métal Noir Québécois qui est marquant par sa qualité d’ensemble et sa brutalité. Un groupe bien de chez nous à surveiller.
