N'ayant pu vraiment se faire justice avec sa formation originale (MERCYFUL FATE), King Diamond s'était lancé par la suite dans son projet solo dans le but de pouvoir exprimer sa propre vision musicale. Après un premier album assez convaincant en 'Fatal Portrait', KING DIAMOND nous revenait cette fois-ci avec son premier album basé entièrement sur un concept (Abigail). Avec la production d'une pochette très réussie, ce concept devait nous emmener en 1845 pour nous raconter l'histoire d'un enfant qui devait naître en toute normalité mais, étant considéré comme un bâtard, il fut vite décidé de l'éliminer. Malheureusement pour certains, l'histoire ne fut pas aussi simple et les événements qui se succéderont seront fatales pour les uns et compliqueront la tâche pour d'autres. Voyons-y le contenu musical maintenant.
Quand un album est entièrement basé un concept, les différentes ambiances musicales doivent nécessairement refléter l'histoire et nous permettre d'imaginer la scène sans lire une seule ligne. L'approche vocale de King Diamond est basé sur ce principe. Les différents types de voix utilisés par celui-ci sont très variés et lui permettent de faire parler ces personnages. Passant de l'enfant à la mère, du démon au cavalier (horseman), il nous situe dans l'histoire et on peut facilement y discerner les intéractions entre les acteurs. L'arrivée du guitariste Andy Larocque lors du précédent album a créé un effet monstre dans la qualité des pièces du groupe. Son style, combiné à celui du légendaire Michael Denner, en a fait une combinaison idéale. Le sens de la mélodie de Denner et le caractère très technique de Larocque, voilà les ingrédients de choix.
L'introduction "Funeral" est un déjà un exemple classique des débuts d'album de M. Diamond et l'enchaînement musical avec la pièce "Arrival" est d'une logique sans nul doute. La progression musicale par rapport à l'introduction est simplement idéale. L'histoire s'intensifiant avec l'arrivée dans la tempête des nouveaux occupants du manoir, la pièce "A mansion in darkness" est très à propos et est considérée comme l'un des meilleurs morceaux de l'album. L'album 'Abigail' a été précédé par la publication d'un 'Single' et c'est celui de "The Family Ghost", pièce qui a également fait l'objet du tournage du premier vidéoclip du groupe. La grande influence classique du guitariste Andy La Rocque apparait par la suite dans "The 7th day of July 1777". Quatre pièces, des ambiances totalement différentes dans chacune d'elles. Chaque chapitre de l'histoire y est représenté de façon très originale. La progression musicale pour le reste de l'album continue dans la même logique et rien n'est laissé au hasard pour que le film passe dans notre tête. "Omens et Black Horsemen" sont mes choix favoris sur cet album et leur côté sombre et très émotif frôlent la perfection.
La publication de cet album a fait l'objet, comme plusieurs autres également, de versions réenregistrées en 1997 avec des pièces en bonus. Trois versions de morceaux déjà présents sur 'Abigail' sont repris et il s'agit de versions studios qui n'avaient pas été retenues lors de la production finale. Des éléments qui seront intéressants pour les collectionneurs mais qui ne justifient pas l'achat de la version améliorée pour ceux qui possèdent l'original de 1988. Ceci dit, l'album 'Abigail' reste jusqu'à ce jour celui qui a propulsé KING DIAMOND vers une popularité grandissante dans un bassin musical très peu commercialisé. Les grands amateurs de KING DIAMOND considèrent encore que c'est l'album du groupe à battre en 2007. Pour King Diamond, c'est l'une de ses meilleures réussites. Je suis de ceux qui partagent cet avis. Ceci dit, un album qui a peu de faiblesses.