D’emblé à l’écoute de ce nouvel opus, Anonymus nous prouve une fois de plus qu’ils n’ont rien perdu de leur fougue qui a construit leur réputation. À ceux qui pensaient à tord que le groupe allait mourir suite au départ de Marco Calliari, et bien sachez que vous vous êtes fourré le doigt dans l’œil jusqu’au coude! La franchise et la droiture de leur musique n’ont pas flanché, au contraire, elles ont augmentées en intensité. Un album composé autour d’un sentiment de rage et de rancune a animé les membres du groupe à s’acharner sur la poursuite de leur rêve. Une volonté à vouloir se tenir droit devant les imprévus de la vie les a poussés à se surpasser… une fois de plus.
« Chapter Chaos Begins » se veut l’album le plus brutal d’Anonymus à ce jour. Beaucoup moins ambiant que son prédécesseur, il revient aux sources en dévoilant somme toute un ensemble assez uniforme, tout comme « Instinct ». Cependant, du point de vue technique, des compositions plus travaillées font montre de la volonté du groupe à vouloir continuer de plus belle! Des chansons assez variées nous sont offertes une fois de plus, avec une tonne d’influences différentes. Les riffs sont assez originaux, mais pas aussi accrocheurs qu’auparavant. Et c’est d’ailleurs un des bémols de l’album : les chansons sont moins entraînantes que d'habitude. La « métallisation » de leur son a sûrement quelque chose à voir là dedans… Peut-être plus d’écoutes seront nécessaires afin de l’apprécier pleinement, mais c’est certain que ça restera moins « catchy » que « Daemonium ou bien « Stress ». Par contre, l’atmosphère qui y règne est sans aucun doute imprégnée de ce qu’a vécu le groupe durant la dernière année : frustration, travail acharné et déchirement. La brutalité de leur nouvelle œuvre est convaincante. La section rythmique est plus développée, plus variée, plus complète et plus brutale qu’avant. Carlos s’en donne à cœur joie avec les « blast-beats » qui fusent de partout! Les arrangements sont franchement bien réussis. Bref, cet album sonne définitivement plus Métal que le son auquel ils nous ont habitués. Une production signée J-F Dagenais (Kataklysm), donne à leur son une touche beaucoup plus violente, et ce même au niveau des vocaux.
L’aspect le plus flagrant de ce nouvel album est sans aucun doute le changement vocal du groupe. Et avec un guerrier en moins à bord de l’équipage, il est évident que certains ajustements s’imposaient. Un chanteur de moins dans un groupe à double vocal, signifie deux fois plus de travail pour celui qui reste. Oscar Souto s’est donc mis les mains à la pâte, afin de combler les manques créés par le départ de Marco. La voix puissante (plutôt sans éclats, mais démontrant ô combien d’énergie) d’Oscar devient soudainement beaucoup plus polyvalente qu’auparavant (devoirs obligent.) Les bons vieux cris d’Oscar sont toujours présents, en plus d’ajouter des voix gutturales, des grognements, des chants « cleans » et agressifs et mêmes des cris stridents haut perchés par-ci, par-là. Le support vocal n’est tout de même pas éradiqué complètement, puisque substitué par des « backs vocals » assez variés, ainsi que des chœurs assez originaux, tous exécutés par Daniel et Carlos. Évidemment, remplacer une dualité vocale qui faisait le charme du groupe n’est pas chose facile, mais ils s’en sortent à très bon compte. Par contre, nous sommes loin de toute la saveur de leur jadis dualité. En effet, le seul bémol que je pourrais soulever, c’est que j’ai parfois l’impression que les types de cris choisis sont mal placés et que les arrangements vocaux ne sont pas aussi travaillés qu’ils ne devraient l’être. De plus, Oscar chantant en anglais… ça sonne québécois en christ!
Les textes collent assez habilement à l’ambiance qui se dégage des pièces, tout comme dans « Daemonium ». Des références aux sentiments de frustration d’Oscar par rapport à Marco se dévoilent assez abruptement tout au long de l’album. Ces derniers se démarquent d’ailleurs avec assurance dans les textes. Cette fois, ils sont moins engagés et plus personnels, et présentent un tout nouveau groupe, ressuscité de ses propres cendres. Dix titre en tout, dont 2 en français et un en espagnol et les autres en anglais font un début fracassant sur Galy Records. Une fois de plus Anonymus innove en restant eux-mêmes, et ce même en l’absence de leur confrère de toujours. Un album très réussi, qui saura les propulser de nouveau sous les feux de la rampe de la scène du Québec.
Plus en vie que jamais, Anonymus amorce une seconde vie et encore plus métallique qu’auparavant. Alors, pour les fans qui les accusaient de ne pas être assez Métal, cet album les feront certainement revenir sur leurs paroles.