Avec le triomphe indiscutable de Rhapsody à la fin du siècle dernier, les groupes de power metal italiens se sont mis à éclore à un taux exponentiel. Ils essayèrent alors de cloner leur grand frère avec le succès mitigé qu’on leur connaît, dû principalement à une production ne soutenant pas assez leurs ambitions. Conclure à l’inévitable leur fut aisé. S’ils continuaient à jouer du power metal, ils resteraient dans l’ombre des célèbres Italiens à tout jamais. Ils durent alors faire un choix radical : sombrer dans l’oublie ou tenter leur chance dans une voie musicale différente. Des groupes avec énormément de potentiel comme Cydonia et Labyrinth ont tellement durcit leur son qu’ils ne sont plus reconnaissables aujourd’hui, alors que d’autres groupes comme Skylark et Vision Divine prirent une voie totalement progressive.
Highlord n’échappe pas à cette vague. Après deux excellents albums sortis respectivement en 1999 et 2000, dans lesquels le côté symphonique était très présent, le groupe nous offrit deux successeurs dans lesquels ils mélangeaient adroitement le power au progressif. Toutefois, dans la dernière parution de Highlord « Instant Madness », les sonorités typiques au power metal sont reléguées aux oubliettes et nous avons droit à un album dans lequel le heavy progressif règne en roi et maître.
Comme c’est le cas pour beaucoup d’albums de metal progressif, il faut plusieurs écoutes avant d’apprécier cet album à sa juste valeur. Les pièces s’étirent en longueur et chaque écoute supplémentaire nous fait découvrir une partition de choix, restée inaperçue auparavant. On remarque après coup que l’ensemble du disque est de qualité grâce à des lignes vocales travaillées et des riffs de guitare accrocheurs. Non seulement après cinq albums les musiciens sont en mesure de nous offrir une musique riche, mais en plus la production s’est grandement améliorée comparée aux autres albums. On entend très bien la basse et il y a beaucoup moins de distorsion du côté des guitares. Par contre, je crois que je ne m’habituerai jamais à ces mélodies de clavier propres au progressif. Ces mélodies un peu futuristes frôlant l’électronique qui semblent venir tout droit d’un vieux jeu vidéo du début des années 90. Ceux qui les adorent vont apprécier « Instant Madness » puisque l’album en est saturé.
Le chanteur a une voix aiguë, lyrique (rappelons que Highlord est un groupe italien) et son talent est indéniable. Toutefois, il est loin des ténors du genre comme Morby (ex-Labyrinth, Domine) et Michele Luppi (Vision Divine). C’est dans une pièce comme la power ballade « Life’s lymph » qu’on voit toute la différence entre quelqu’un qui se débrouille et d’autres qui sont de véritables professionnels. Cela principalement à cause qu’il donne l’impression de s’époumoner chaque fois qu’il fait un cri aigu. Ce n’est pas si terrible dans l’ensemble des pièces, mais dans la ballade l’émotion ne passe tout simplement pas.
Malgré leur efficacité, les compositions ne sont pas très originales, car les riffs et les solos sont du réchauffé. De plus, l’album n’est que composé de mid-tempo se ressemblant fortement. Il n’y a aucune pièce qui se démarque, une pièce plus rapide ou un hymne metal à lequel se rattacher. Par contre, les musiciens sont talentueux et on passe un bon moment à l’écoute de l’album pourvu que l’on lui jette plus d’une écoute. Toutefois, comme malheureusement trop de groupes italiens, leur futur repose sur leurs albums passés.