Il y a deux genres de bons groupes. Ceux comme Blind Guardian, Kamelot et Stratovarius qui se sont forgés progressivement une renomée albums après albums, et il y a ceux qui nous offrent un excellent album dès le départ. Le troisième album est une étape importante dans le cheminement de ce genre de groupe. C’est ce disque qui permet de voir si la machine est partie ou si le groupe tombera rapidement dans l’oubli. Après des départs très prometteurs, des groupes comme Thunderstone et Requiem n’ont pas réussi à créer ce troisième album qui leur permettrait d’assurer leur place parmi les groupes de tête. Par contre, Celesty, avec son tout dernier « Mortal Mind Creation », passe le cap du troisième album avec brio s’assurant ainsi une place parmi les grands groupes du power metal finlandais.
La première chose qu’on remarque à l’écoute de la pièce d’ouverture « Lord of Mortals », c’est l’évolution du groupe par rapport à leurs deux précédents albums. « Mortal Mind Creation » est beaucoup plus heavy que ces prédécesseurs en tirant ces riffs tout droit des années 80 et grâce à son ambiance plus pesante créée par les claviers, quoique cette évolution avait déjà commencé à partir du deuxième album. De plus, nous avons droit à une alternance de mid-tempo avec des pièces plus rapides au lieu d’avoir une suite de pièces dans lesquelles le groupe axe uniquement sur la vitesse. Toutefois, malgré ces différences, lorsque la double grosse caisse et les chœurs entrent en jeu, on se dit qu’on est toujours en terrain connu.
Outre la présence d’intro au piano, d’intermèdes acoustiques, d’orchestrations subtiles, d’excellents solos et de back vocaux qui font tout le charme de Celesty, « Mortal Mind Creation » tire sa force de ses riffs « old school » et de la puissance de ses refrains. Spécialement dans des pièces plus commerciales comme « War Creation » et « Empty Room ». On pourrait reprocher à l’album de ne pas contenir de pièce épique de vingt minutes en deux parties pour y mettre fin. Toutefois, soulignons le choix de terminer l’album avec la pièce « Last Sacrifice ». Agressive à souhait, entraînante au possible et aussi parfaite que puisse l’être « Final Sacrifice » d’Avantasia.
Le chanteur Antti Railio quant à lui se débrouille très bien dans les nombreux styles de chants qu’il utilise. Dans “Legacy of Hate”, il devait interpréter plusieurs personnages, mais il était difficile de faire la différence due à une trop grande similitude dans ces variations de voix. Sur « Mortal Mind Creation », il s’est beaucoup amélioré à ce chapitre étant aussi bon dans le très aigu et le grave. De plus, au contraire des albums précédents, il utilise une voix à la limite du growl. Très bonne évolution. Par contre, sa voix trop près de celle de Tony Kakko pourrait en agacer plusieurs. C’est clair, sur l’intro de « Back in time », elle y est identique à s’y méprendre. Heureusement, la similitude entre les deux voix n’est pas aussi flagrante dans le reste de l’album.
Après l’excellentissime « Legacy of Hate », les attentes furent très grande face à cet album. En ne faisant pas l’erreur d’essayer de cloner ce chef d’œuvre, Celesty lui donne un très bon successeur. Effectivement, l’album n’est pas parfait, il contient 4-5 excellents moments, mais le reste est bon sans plus. Par contre, cette évolution inattendue fait toute la force du groupe qui montre ainsi qu’il peut oeuvrer dans différents styles. L’album s’adresse tout de même à ceux qui ont adoré les albums précédents du groupe. Pour ceux qui ne jurent que par les groupes finlandais et qui par hasard ne connaîtraient pas encore ce très grand groupe qu’est Celesty, « Legacy of Hate » serait un meilleur choix pour découvrir le groupe.
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