Plutôt rare et inattendu pour notre scène metal québécoise, le groupe montréalais Gothërfall vient de sortir un album de black metal symphonique d’une extrême violence que les fans d’Anorexia Nervosa pourront difficilement se passer. Le groupe dont le nom signifie “la chute de Dieu” nous offre une heure de “growl” puissant, de “riffs” propres au black metal et de paroles montrant leur haine de la religion ou de tous autres systèmes de pensée qui empoisonnent l’esprit humain. Malgré cela et malgré leur look “True”, ils évitent le ridicule en n’invoquant pas Satan par d’innombrables 666 et en ne recouvrant pas leur pochette d’un pentagramme.
La pièce la plus violente de l’album, “Satyric Phallusbait Daemonium”, commence l’album par un cri de mort d’une puissance rarement égalée suivant une courte intro symphonique, lugubre et lourde pour se poursuivre par le riff de guitare et la double pédale typiques du black metal. Loin d’être un mal, l’album change peu de ce tempo jusqu’à la fin. Bien que “Where Angels Lie” est un peu plus lente et atmosphérique que le reste de l’album. Avec une telle suite de violence, une chance que des intermèdes symphoniques ou atmosphériques viennent s’intercaler entre les pièces pour nous laisser souffler. Gothërfall ne fait aucun compromis pour plaire au plus grand nombre. Distillés par-ci par-là dans leur musique, il y a bien quelques petits solos de guitare, petits solos de claviers psychédéliques et des intermèdes orchestrés cassés par un “riff” acéré du plus bel effet. Leur musique reste essentiellement très brutale.
Blacksphere Architecture est rempli d’excellentes orchestrations. Par contre, elles ne sont pas aussi grandiloquentes que sur les derniers albums de Dimmu Borgir. De plus, ce ne sont pas que de simples orchestrations ajoutées pour créer une ambiance, mais des orchestrations pensées d’avance en total symbiose avec les riffs de guitare et le growl. Le travail fait à la production est donc énorme. On discerne sans problème tous les éléments de l’album. La guitare ne prend jamais le dessus sur les orchestrations et sur le vocal, et vice versa. “Théurgie Mystificium” réunit les meilleurs éléments de Gothërfall. Avec son intro épique et son riff de fin des temps, on a l’impression qu’une armée apocalyptique s’approche de nous. De plus, la montée en puissance suivant le deuxième solo est tout simplement incroyable. La fin de la pièce est tout aussi magistrale. Écoutez le crier: Car Dieu n’existe que dans le coeur des faibles! Suivi par un choeur féminin repris ensuite en growl. Sublime! Sans aucun doute le meilleur moment de l’album. Une pièce parfaite.
Une autre grande qualité de Gothërfall est la maîtrise vocal du chanteur. Le vocal est évidemment rauque, mais jamais agressant. De plus, on peut l’entendre dans trois différents styles de growl. Principalement, dans un style proche d’Anorexia Nervosa, mais aussi dans un style beaucoup plus grave dans la plus pure tradition d’Adam Darski, chanteur de Behemoth. Ce growl plus grave est utilisé un peu à la façon de back vocaux se superposant à l’occasion au chant principal. Encore une fois, on se doit de souligner la bonne production. Il n’est pas rare aussi d’entendre le chanteur pousser des cris plus aigus que n’aurait pas reniés Dani Filth. Toutefois, il est un peu dommage que même avec les paroles devant nous, il soit difficile de garder le fil dans les paroles. Très dure de discerner un seul mot même lorsqu’ils sont en français. Par contre, ce n’est pas une si mauvaise chose dans le black metal.
Je ne sais pas si c’est à cause de l’excitation que cet album soit sortie au Québec, mais on leur donnerait le diable sans confession. Une chose est sure, Gothërfall est un groupe très professionnel et unique au Québec. Les fans des groupes précités ne seront pas déstabilisés à l’écoute de l’album, même si Blacksphere Architecture est une coche de brutalité au-dessus de ce qu’ils ont fait. L’album peut s’adresser aussi à ceux qui sont tannés des demos à la production crasseuse qui abondent au Québec puisque qu’ici elle est très soignée.
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