Il est magané
Al Jourgensen, aucun doute sur ce sujet. Lors de cette tournée pour l’album
Relapse, il souffrait de dysenterie. Après l’avoir vu de mes propres yeux à quelques reprises durant les dernières années en concert et de le revoir sur cette présentation visuelle datant de l’année passée, il est facile de confirmer que les ravages des drogues fortes y sont pour quelque chose mais lorsque la maladie s’en mêle en plus, ce cocktail n’est point intéressant. L’inspiration qui se cache sous cette machine qu’est
Ministry prend de l’âge mais
Jourgensen semble toujours aussi acidulé lors de cette présentation audio-visuelle de près de deux heures. Il se tient encore debout mais en regardant ce concert de 2012, il faut avouer que c’est plutôt la solidité de son groupe qui épate car
Jourgensen préfère se tenir, ancré puissamment, derrière son pied de micro alors que le reste de la troupe bat la mesure de façon démentielle.
Ministry demeure encore une figure importante dans le métal industriel, même encore aujourd’hui, quoique le groupe n’ait jamais réussi à retrouver le lustre d’antan malgré quelques albums plutôt acceptables durant les dernières années. Sur la présentation DVD de 2012, c’est la formation qui comprend
Mike Scaccia (que Dieu ait son âme pour cet ancien membre de
Rigor Mortis) et
Sean Quirin aux guitares avec
Casey Or (ancien
Beefcake the Mighty de
Gwar et membre de
Rigor Mortis aussi) à la basse et
John Bechdel aux claviers en plus d’
Aaron Rossi aux percussions. Les moyens déployés par l’équipe du
Wacken pour capter des prestations des groupes présentés lors de ce festival métallique, le plus gros en importance sur Terre, sont titanesques. Le son est pur et les prises de vues en haute définition nous permettent de nous sentir témoins de l’évènement. Avec des plans aériens fournis par des caméras sur grues, l’effet gigantesque de la foule de ce festival est présent quoique l’on sente que l’enthousiasme des participants n’est pas à son paroxysme car
Ministry jouait après une averse qui semble avoir fait bouger certains festivaliers si l’on se fie aux nombreux trous dans la foule.
Avec une longue série de chansons du «
Ministry des années 2000 » offertes en majorité, l’amateur de la formation qui croit se taper un festival de nostalgie sera dérouté quoique la fin du concert nous propose quelques gâteries de l’époque des années d’or du groupe alors que
Ministry jouait du coude face à la sonorité grunge du début des années 90. C’est donc avec
New World Order,
Just One Fix et
Thieves que tu termines ce premier tour de table mais avant, tu dois passer au travers des pièces plus modernes comme
Ghouldiggers,
Rio Grande Blood,
99 Percenters et
Relapse.
Avec une sonorité trop cristalline pour cette portion du DVD, on redoute grandement qu’un tour en studio a eu lieu pour combler les manques sonores de cet enregistrement en concert. La voix de
Jourgensen est sans faille, tout est aussi poussé que sur les albums originaux. Au niveau musical, le tout frappe car nous sommes en présence de vétérans du métal qui sont au sommet de la maitrise métallique et industriellement robotique. D’entendre
Jourgensen de façon aussi audible et quasi similaire que sur les albums du groupe fait donc que je me permets de douter fortement de la véracité de son empreinte sonore. À moins que ce ne soit pousser avec quelques petits tours de
bizounages de la part du technicien à la console.
Impeccable comme DVD, si l’on met de côté la tricherie possible…
La parcelle que l’on appelle bonus sur ce DVD est plus crue. Encore une prestation du
Wacken mais qui date de 2006. C’est beaucoup plus débraillé et sans les effets purifiants que son compagnon de 2012. Cette portion du DVD semble être plutôt prise directement de la console de son, sans les retouches possibles, ce qui nous donne donc un sentiment plus «
spectacle comme si j’y étais» avec ses bons côtés et ses moins intéressants. Avec
Joey Jordison aux percussions, ce depuis peu ex-
Slipknot semble très à l’aise de taper les peaux pour l’un de ses groupes favoris. À la guitare, nous retrouvons
Tommy Victor de
Prong et
Danzig en plus d’un autre grand disparu,
Paul Raven, sur un concert plus long que le précédent mais qui ne possède pas les mêmes attributs que l’autre et présente une liste de chansons plus longue mais qui se concentre aussi sur l’époque des années 2000 du groupe avec
Senor Peligro, The Great Satan, Lieslieslies, Wrong et en finale,
New World Order,
Just One Fix,
Thieves et
Psalm 69.
Ministry a définitivement tiré sur son câble d’alimentation, cessant toute vie artificielle possible, suite au décès du guitariste
Mike Scaccia, décédé le 13 décembre 2012. Avec un dernier album sorti en septembre 2013 et ce DVD, c’est de cette façon que
Ministry met les clés dans la boutique, question de ne pas dénaturer l’œuvre de ce groupe mythique !
Mais est-ce vraiment la fin ?