Je visite encore régulièrement le disquaire aux trois lettres,
HMV. Étant mon ancien employeur, je me complais encore d’y aller pour tâter le diable par la queue, question de faire quelques achats compulsifs. J’adore ce magasin, qui semble se dénaturer progressivement avec tous les
cossins non-musicaux en vente qui excitent mes enfants plus que moi, mais la section métal ne cesse de s’estomper au profit d’autres genres et/ou produits. Parfois, on se demande même qui fait les catégories car lors de ma dernière visite à la succursale du centre-ville de Montréal, l’album de
Portugal. The Man était mis en évidence dans les nouveautés métalliques.
En aucun cas cet album ne devrait se retrouver dans cette section. Est-ce que les sbires dans les bureaux de Toronto se sont fiés uniquement au titre de l’album,
Evil Friends ou est-ce l’erreur d’un employé? Va savoir…
J’ai connu le groupe lors du dernier
Osheaga. En débutant leur prestation avec des cadences très lourdes, la suite du concert m’avait passablement plu avec un habile mélange de rock acoustique, de distorsion et de rythmes électroniques. En recevant ma copie promotionnelle, je m’attendais un peu à la même sauce quoique j’aie remarqué que la facette lourde n’y était pas. Probablement que ce groupe s’en permet lors des concerts mais pour ce qui est de cet album, c’est plutôt épuré.
Avec
Danger Mouse (il est membre de
Gnarls Barkley et a travaillé aussi avec
Beck, Gorillaz et
The Black Keys) à la production ainsi qu’à l’écriture, je me doutais bien que le tout allait sonner comme un tonne de briques bien polies et non pas comme un amas de roches au fond d’une carrière. C’est donc avec de belles petites ritournelles toutes inoffensives et plutôt champêtres que cet album nous est présenté. Monté de façon gracieuse comme une belle pop complexe,
Evil Friends peut autant satisfaire l’amateur des
Beatles avec une pièce comme
Smile, celui des
Flaming Lips grâce à
Plastic Soldiers ou
Sea of Air qui se rapproche à ce que peut offrir
My Morning Jacket. La chanson titre possède une facette plutôt
punkette acoustique comme ce que pouvait proposer
Frank Black sur ses albums solos mais c’est surtout la chanson
Modern Jesus qui ressort du lot avec son refrain maladif qui s’agglutine dans notre tête pour une bonne période.
Les arrangements de l’album sont nombreux, chaque chanson comporte un amalgame de sonorités qui complètent bien les harmonies mais nous ne ressentons aucunement le poids de la chose car le travail à la réalisation fait que le tout parait excessivement bien dosé. Septième album du groupe, on peut voir clairement que la formation américaine en a probablement assez de se vautrer dans les méandres du indie pop-rock car celui-ci est plutôt approchable pour les oreilles.
Il faut donc faire place à un pop-rock enjoué et accessible, donc enlevez moi ça de la section métal au
HMV au plus sacrant !
www.portugaltheman.com