Si tu calcules une bonne dizaine d’heures de conduite, en partant de Montréal, tu peux te rendre à Sept-Îles, une ville de la Côte-Nord aux longs hivers frigorifiques et aux étés aussi chaleureux que nos pires journées d’automne. Ce type de climat peut jouer sur le moral de nombreuses personnes, surtout celles qui ont la possibilité de maitriser un instrument de façon habile et parfois même, barbare. L’éloignement offert par la région en plus de la température réfrigérante offrent des conditions qui permettent aux amateurs du métal noirci de produire une musique malsaine, glaciale et imbibée de négativisme étant donné que le métal noir devient ton catalyseur face à ton négativisme.

Frère de sang avec Neige Éternelle car Mortuas partage son guitariste et chanteur avec l’autre formation, question de garder les cordes bien serrées avec tout ce qui se passe dans le coin. Offrande première pour le groupe, on sent que malgré le côté primitif de leur musique, le choix au niveau de la production n’en demeure pas de ce même niveau car Mémoire Véreux peut se glorifier d’avoir une sonorité plus chaleureuse que son partenaire d’armes de Neige Éternelle mais ce qui peut être l’arme à double tranchant pour certains.

Avec un métal noir de la vieille école qui visite les classiques par la côte grâce à des guitares acérées, une voix sépulcrale en plus de percussions précises mais variées, Mortuas affiche une rengaine qui démontre que le groupe injecte son venin sans vouloir en varier les quantités car peu importe la profondeur prises par les crocs, l’important est la morsure. Et c’est ce qui est projeté avec Mortuas qui, à défaut d’innover, demeure vil envers le style mais vicieux dans l’attaque sur des titres comme Les Morts, Ether fatal et Pandémie.

Majoritairement francophiles, les hymnes du groupe restent irritants pour le non-initié et asphyxiants pour le novice avec sa ligne directrice musicale qui reste implacable, inflexible et adroite car le tout demeure très linéaire malgré quelques variances comme sur Instincts primitifs où les ambiances sont plus abyssales et un solo plutôt adroit. La tour de Trafalgar demeure, quant à moi, le coup le plus fatal de l’album avec ses nombreuses intonations à bien des niveaux et sa façon de nous faire ressortir la basse beaucoup plus que sur le reste de l’album.

En général, c’est un arsenic... au bon goût !

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