Anthrax a eu la grande majorité de son succès commercial, je dis bien commercial, avec des chansons provenant du catalogue d’autres artistes. Les plus gros succès du groupe ne viennent pas de la plume des membres d’Anthrax mais plutôt de celles de Joe Jackson avec Got the Time, Public Enemy avec Bring the Noise et Bernie Bonvoisin pour Antisocial. Mais à la base, les versions offertes par Anthrax étaient tellement bien retravaillées que l’on croyait facilement que c’étaient des pièces d’Anthrax et non d’autres artistes.

Ce qui n’est pas le cas ici sur ce nouveau EP de reprises du groupe. La formation new yorkaise nous la joue prudente et demeure très fidèle aux originaux. Aucun véritable grain d’innovation n’est inséré dans les chansons, c’est un immense ouvrage de scrapbooking qui contient du découpage dans les modèles de base avec un bel amalgame de collage sur un nouveau canevas.

Sur Anthem de Rush, le groupe place la barre haute pour ce qui est de la performance et réussit à atteindre son objectif. Belladonna possède une voix très pointue et sa version de Geddy Lee est plus que convenable. La part musicale prise sur TNT d’AC/DC est elle aussi plutôt coulée dans le moule original, à l’exception de quelques coups de picks croustillants de la part de Scott Ian pendant le refrain. Même modèle très fidèle pour Smokin’ de Boston sauf que l’on retrouve le réputé Fred Mandel (Queen, Alice Cooper, Elton John et Supertramp) aux claviers et Jailbreak de Thin Lizzy à l’exception que c’est Phil Campbell de Motörhead qui fait le solo. Deux chansons semblent avoir reçu un petit coup de plus de la part du groupe et c’est à la toute fin de Keep on Runnin’ de Journey et de Smokin’ où l’on peut entendre Charlie Benante rouler vigoureusement sur les deux bass-drums. Pour ce qui est de Big Eyes de Cheap Trick, c’est plutôt excessivement conforme à l’originale.

De plus, ce EP de reprises comprend la chanson Crawl, tirée de l’album Worship Music, en version intégrale et en mode remix, ce qui se résume à des ajouts d’orchestrations classiques en introduction et lors de quelques moments spécifiques, question d’accentuer l’ambiance.

Anthrax ne s’est pas approprié les chansons en y ajoutant sa personnalité comme ils le faisaient jadis. Le groupe a tout simplement usé de son charme légendaire pour rendre un hommage fidèle aux originaux. Ce n’est pas déplaisant et aucunement mauvais sauf que je m’attendais à beaucoup plus de culot, de caractère et d’audace de la part des maîtres de l’adaptation métallique.

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