Cette formation est née de façon plus qu’étrange étant donné que l’existence de Gorgoroth fut décidée lors d’un règlement lors d’un procès. Il était désormais interdit à Gaahl et King Ov Hell d’utiliser la nomenclature Gorgoroth pour parler de leur carrière musicale car la décision était en faveur d’Infernus, l’ancien guitariste qui voulait garder les droits face à l’appellation de sa version du groupe. Maintenant, Gorgoroth est le projet d’Infernus. Gaahl et King devait se trouver un nouveau nom pour pouvoir poursuivre leur cavale black métallique hors du troupeau. C’est donc avec God Seed que nous nous retrouvons quoique la sonorité demeure très près de l’original.

Il était évident que God Seed allait rester près des ornières laissées par l’album précédent de Gorgoroth, Ad Majorem Sathanas Gloriam, avec la formation en mode semi-intact. Très près, oui, pour ce qui est des guitares mais God Seed semble aimer les claviers cosmiques un peu plus par contre car nous en retrouvons sur cet album. Plus planant et moins mitraillette, I Begin est un album qui étonne par ses variances. Avec From The Running Of Blood, nous retrouvons une facette très apaisante et céleste au niveau des textures sonores comme les couches de claviers toutes très subtiles qui se laissent aller tout au long de la pièce, même lors des moments impétueux.

La grande qualité, outre le fait que les compositions soient toutes très riches, demeure la présence vocale de Gaahl car sa gorge demeure à elle seule un instrument à part entière, que ce soit en mode vif, grassouillet, plaintif ou chuchoté en plus de présenter un côté glorieux sur l’étonnante Hinstu Daga, chantée dans sa langue maternelle. L’aura de cette chanson est opaque, sombre et froide comme la toundra norvégienne.

I Begin est un album riche d’un black métal moderne et varié. Créé par des innovateurs et pionniers du genre, God Seed reste fidèle à l’héritage tout en tentant de pousser un peu le genre comme certains artistes le font. Pour ce qui est des pièces plus noircies, il faut se rabattre sur Aldrande Tre ou This From The Past pour se délecter d’un plaisir malsain. Par contre, les coups les plus intéressants demeurent ceux où les expériences sonores sont à l’avant plan comme Lit avec ses rythmiques plus cadencées avec un fond d’orgue très subtil sur une harmonie de guitare simpliste. Le tout se transporte vers un intermède cosmique agréablement fignolé qui ne s’éternise aucunement pour ensuite retomber dans ses ornières.

L’album prend fin de façon punitive avec The Wound qui est une rengaine black métallique d’usage mais accentuée par un passage métal très puissant avec un riff gonflé à bloc. Cette pièce laissera place à l’expérimentale du nom de Bloodline qui clôt I Begin de manière non-conventionnelle mais effrayante en relation avec les soupirs expirants de Gaahl.

C’est là que réside la beauté de la bête, dans ses variances éclectiques mais qui demeurent toutes dans les mêmes dimensions meurtrières, peu importe le nombre de beats par minute.

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