Le nom de Bookakee restera toujours dans mon esprit associé aux corpse-paint verdâtres, aux demoiselles peu vêtues, à un Mario éventré et bien d’autres choses, mais on me paie pour critiquer un EP, pas pour relater mes souvenirs des spectacles excentriques de cette formation (c’est une manière de parler, je ne suis pas payé). Néanmoins, la comparaison n’est pas impertinente: en plus de proposer de salaces artifices de divertissement, Bookakee a-t-il eu la bonne idée d’écrire de la bonne musique?
Ma réponse se situerait probablement dans les alentours de l’affirmative. Mais avant de pouvoir juger de la qualité des compositions de cet EP, j’ai dû m’habituer à la production, pas exactement stellaire, bien que ce soit compréhensible pour une première sortie. Le tout manque singulièrement de relief et de puissance, en particulier en ce qui concerne la batterie. De même, on a malheureusement du mal à entendre la basse. Mais sitôt accommodé à ce problème, on découvre des riffs qui sont tantôt sympathiques, tantôt franchement excellents, accompagnés de passages plus calmes très réussis. En général, le Tech Death de Bookakee n’a rien à envier à la moyenne du genre. Le groupe se permet même quelques éclats de génie, à l’image du Breakdown de Carcass Coffin, qui a une bonne place dans mon panthéon des breakdowns éternels.
Au niveau des performances individuelles, le niveau est également très bon. On remarque tout de suite les cris apocalyptiques de Phil Langelier, dont son plus caractéristique que j’ai affectueusement surnommé « cri du ptérodactyle en rut », ainsi que les guitares, mélodiques et techniques en égales mesures.
Au final, on a là un EP très divertissant, et la première écoute est plutôt agréable: les cris de Langelier surprennent, les transitions sont assez originales et il est difficile de ne pas sourire quand on entend « un dos tres quatro » dans un album de Tech Death. Mais au-delà de tout cela et même sans parler de la production, il manque à Invasion of the Depraved l’éclair de génie qui fait les grands albums et les rends toujours aussi étonnants malgré les écoutes et les années. Mais pour un premier effort, cet EP demeure une réussite; il faut néanmoins retenir que pour saisir totalement l’esprit Bookakee, rien ne vaut une bonne salle de spectacle.