Depuis quelque temps, Scum Sentinel détourne les regards. Que ce soit par leurs performances mémorables dans la Métropole ou la Vieille Capitale, par la pochette assez explicite de l’album dont il est présentement question ou du design de leur tout premier chandail arborant le slogan ‘’Take the crucifix and fuck yourself to death!’’, les Montréalais ont su se faire connaître sur la scène Underground de notre belle province. Après certains délais et pépins concernant la mise en marché de leur premier opus, ils débarquent finalement avec ‘’Sentinel of Scum’’ qui est disponible depuis quelques semaines. Pour ceux qui n’ont jamais pris le temps de se déplacer pour voir un de leurs rituels, je vous avise comme le ferait W.Solstice : ‘’La prochaine toune… ça parle de SATAN!’’
La première chose qui percute lors de l’écoute de ‘’Sentinel of Scum’’ est la direction que prend le quatuor. Que ce soit par ses textes, son visuel, son style ou sa musique, il ne regarde qu’en une seule direction et y fonce à vitesse grand V sans regarder un seul instant en arrière. Plus précisément, il exprime une haine morbide envers le Christianisme et tout ce qui en découle et prône tout ce qui a un lien de près ou de loin avec le Mal. Une telle emphase est mise sur ce mode de pensée que Scum Sentinel devient, en quelque sorte, une caricature dans laquelle il est bon se complaindre. En effet, la pochette du présent disque est la définition propre du mot ‘’explicite’’. Si vous croyez avoir tout vu seulement en vous fiant au dessus de l’effort, attendez de l’ouvrir et de voir le dos de ce dernier. Vous jubilerez en observant ce cher Benoît XVI en pleine action ou le dévastateur SS avec une croix inversée qui se retrouve à l’intérieur. Dans le même ordre d’idées, les paroles de chacune des chansons sont orientées vers les thèmes précédemment mentionnés. Certains diront qu’il y a ici exagération, je leur répondrai qu’il n’y a jamais assez de haine!
Musicalement parlant, Scum Sentinel est bien conscient qu’il n’innove pas et n’en a rien à cirer. Il est là pour perpétrer la tradition du Black Métal crasseux, violent et satanique et le fait avec brio. Aux vocaux, W.Solstice hurle des insanités avec un ton de voix assez original. En effet, il adopte une approche que je me permettrais de qualifier de ‘’moins gutturale’’ qu’à l’habitude. Il y va pour une approche un peu plus chantée par moments et n’hésite pas pour pousser ses cordes vocales jusqu’au bout. Il fait aussi honneur à sa basse tout au long de l’écoute en la brutalisant à souhait. Aux guitares, Ekinox et Strident S. produisent des mélodies inspirées des plus grandes œuvres Black Métal tout en y ajoutant leur personnalité et une touche d’originalité qui m’a impressionné. Finalement, à la batterie, Blasph fait un travail adéquat en induisant des rythmes classiques qui ramènent l’auditeur à l’essence du genre musical. Par ailleurs, il ajoute une belle diversité en variant régulièrement sa vitesse, ce qui empêche l’effet de déjà-vu au fil des compositions.
En résumé, avec ‘’Sentinel of Scum’’, Scum Sentinel vient définitivement imposer sa vision des choses sur la scène Black Métal Underground du Québec en entier. C’est donc sans retenue qu’il présente sa musique qui saura vous déranger d’une manière extrêmement positive. Si vous êtes constamment à la recherche du joyau qui viendra révolutionner une scène déjà bien établie, vous risquez de passer à côté de cette œuvre. Malheureusement pour vous, vous manquerez une des expériences les plus déchirantes de 2011 dans un genre qui vaut la peine d’être revisité, même après tant d’années.