Dimmu Borgir est un nom qui ne laisse personne indifférent. Symbole de la décadence commerciale du Black symphonique pour beaucoup, pionniers d’un style original et novateur pour d’autres, peu de groupes attirent autant la controverse. Après une période trouble et la perte, amplement médiatisée, de deux membres de longue date, ce nouvel album sera-t-il celui de la réunion?
Avant tout, cet album surprend par son nom particulièrement ridicule, mais aussi par sa pochette, splendide à défaut d’être provocatrice. À la première écoute, ce qui frappe dès l’introduction est la qualité de l’orchestration, et fort heureusement vu sa prédominance dans l’album. Les instruments sont variés et très bien rendus, et leur intégration est très réussie : par exemple, dans le premier riff de Gateways, la mélodie des violons se mêle à la perfection à celle de la guitare principale. Cette utilisation judicieuse d’éléments symphoniques (sans compter les chants en chœur, excellents eux aussi) apporte énormément à l’album, et compense son manque chronique d’agressivité.
Car tel est bien le principal défaut que l’on reprochera à Abrahadabra (que ce nom est stupide), c’est loin d’être un album « rentre-dedans », agressif, énergique et brut. C’est un disque varié, qui alterne entre les pièces rapides et furieuses comme Born Treacherous ou Ritualist (qui contiennent leurs lots de « blast beats » de famille) et des chansons plus accrocheuses et mélodiques comme Gateways, en passant par des moments épiques comme Chess With The Abyss.
Heureusement, l’album est servi avec une production et une interprétation irréprochable : tous les instruments sont audibles et mixés avec talent, les solos sont très appréciables et la batterie est impressionnante. Au niveau du chant, les Norvégiens ont opté pour une variété de voix aux registres très différents, et certaines (en particulier chez les voix féminines) peuvent gêner, mais elles ne durent jamais assez longtemps pour être problématiques.
En bref, pour peu que vous l’approchiez avec un esprit ouvert et sans attendre trop d’agressivité, vous serez sûrement agréablement surprise par ce nouvel opus. Malgré quelques faiblesses, c’est un album qui s’écoute bien et longtemps, et c’est une réussite.