Formé en 2000, le groupe Acrassicauda (« scorpion noir ») nous vient de Baghdâd, Irak, en passant par la Turquie et la Syrie, et finalement les États-Unis. Effectivement, il peut sembler étrange que leur premier EP, Only The Dead See The End Of The War, ne sorte que maintenant, mais l’on peut se douter que leur périple particulier, relaté dans le documentaire Heavy Metal In Baghdad, ne fut pas de tout repos. Jouer de la musique métal n’est pas monnaie courante dans un pays musulman, et encore moins dans un pays en pleine guerre civile, comme c’est le cas avec l’Irak depuis 2003. C’est donc depuis l’an passé que Tony Aziz, Faisal Talal, Firas Al-Taleef et Marwan Riyak ont rejoint les États-Unis, où ils ont collaboré avec Alex Skolnick (Testament) afin d’enregistrer (enfin) les quatre pièces de old school thrash metal qui composent cet album.
D’un côté plus musical, le groupe ne réinvente pas la roue, mais il faut dire que leur thrash metal rappelant les grands du genre tel Metallica, Megadeth, Sepultura ou Slayer, pour ne nommer qu’eux, est tout de même très efficace. Les pièces sont toutes empreintes d’une grande énergie, le tempo est rapide et l’on a droit à toute la violence à laquelle on s’attend de la part d’un groupe œuvrant dans ce style. Ici, nul besoin de se demander ce qui inspire à Acrassicauda tant d’agressivité : comme le mentionne leur label Vice Records, « Take the number of metal bands who sing about war, death and destruction. Substract it from the number of metal bands with personal experience of such matters. » (Prenez le nombre de groupe métal qui chantent à propos de guerre, de mort et de destruction. Soustrayez le nombre de groupes métal qui ont une expérience personnelle de ces éléments.). C’est avec toute cette signification en tête que l’on apprécie d’autant plus les quelques 20 minutes de brutalité que le groupe nous propose.
Le EP s’ouvre avec Message From Baghdad, très mélodique, guidée par des guitares mordantes et une voix à mi-chemin entre le growl et la voix clean. Garden Of Stones suit avec un tempo plus lourd, quelques moments s’approchant de breakdowns et une mélodie plus « moyen-orientale » au niveau des guitares et des harmonies de voix, avec tous les modes mineurs harmoniques que cela implique. Massacre est également chargée de signification, par ses paroles (chantées majoritairement en voix clean) et par sa musique intense, en plus d’un excellent solo de guitare. C’est également la plus old school du lot. La dernière pièce, The Unknown, est une des plus agressives, avec son riff d’ouverture rapide et ses mélodies que l’on pourrait encore une fois classifier d’inspiration moyen-orientale.
Les paroles sont, comme on peut s’en douter, basée sur l’expérience des quatre membres du groupe de la guerre, de la violence et de la mort. Elles sont donc plutôt traditionnelles pour le genre de musique, mais comme mentionné plus haut, particulièrement significatives dans le contexte. Pour ce qui est de la production, aucun reproche à faire, celle-ci étant digne des meilleurs standards de l’industrie.
Bref, Only The Dead See The End Of The War marque l’entrée en scène de la formation Acrassicauda, qui malgré le fait qu’elle ne soit pas des plus originales, plaira fort probablement aux amateurs de thrash old school qui apprécient une musique sans compromis, bien rendue et surtout qui rentre à fond. À surveiller.
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