L’annonce d’une alliance musicale entre les musiciens de Gris et de Sombres Forêts le temps d’un album avait fort remué notre scène. En effet, ces deux projets demeurent de ceux qui sont le plus appréciés dans notre province et leur collaboration, ayant pour nom Miserere Luminis, avait attiré l’intérêt de nombreux fans de Black Metal. Par contre, le projet s’annonçait comme surpassant cette simple qualification, voire à sortir des territoires du métal.
Il est vrai qu’il peut être particulièrement difficile d’apposer une quelconque étiquette à cette première offrande de Miserere Luminis. Les influences et les sonorités sont très diverses, et pourtant, il est toujours possible de percevoir d’où viennent les musiciens au travers de cet amalgame. Ces derniers gardent un style et une approche qui leur est chère, mais néanmoins, ils la remodèlent pour créer une musique et une ambiance différente. Si j’avais à décrire ce projet, j’irais avec un mélange de Gris, Shining et Katatonia sur fond de post-rock par-dessus le marché. L’un des points intéressants réside dans les sonorités qui varient énormément d’une pièce à l’autre. Bien que chacune des chansons possède une certaine base similaire, on sent bien que les musiciens se sont attardés à leur fournir une identité propre et c’est réussi avec brio.
Ce qu’il y a de remarquable avec cet opus, c’est que chaque musicien semble véritablement apporter son effort au sein du groupe. Les vocaux sont alternés entre Annatar et Icare et leurs performances sont très intenses émotionnellement. Ces derniers collent parfaitement au côté mélancolique et ambiant du projet. Aucun instrument n’est en reste ; même la basse contient quelques passages délicieux pour les oreilles, particulièrement en accompagnant le piano dans la presque langoureuse ‘’Senectus’’. L’une des performances les plus enlevantes va à la batterie. Rarement ai-je entendu un jeu aussi varié et surtout aussi vivant. Les ‘patterns’ ne se répètent pratiquement jamais et l’instrument sort même du cadre de simple support rythmique pour prendre une place entière dans la sonorité du groupe.
Évidemment, là où l’influence originelle du groupe se fait le plus sentir, c’est dans l’ambiance générale qui se dégage de l’album, que ce soit du côté de la production ou celui de la musique même. Bien que musicalement, Miserere Luminis se distingue de beaucoup de Gris ou de Sombres Forêts, il se dégage une atmosphère similaire. Pour fournir une description imagée, le groupe nous fait faire un même voyage en empruntant toutefois un chemin différent.
Ce premier effort conjoint est donc une excellente réussite. Il démontre que ces musiciens ont une grande maturité musicale et nous fait espérer des sorties prochaines de leurs projets respectifs en plus d’une suite à cette collaboration très intéressante.