Âmesoeurs est un projet français qui a acquis une notoriété rapide due d’une part au fait que Neige, guitariste connu pour de nombreux projets dont sa participation à Peste Noire, était l’esprit créateur du groupe, et d’autre part grâce à leur EP Ruines Humaines qui mixait efficacement différents éléments cold-rock et urbain à des sonorités et des rythmiques agressives. Leur premier et dernier album éponyme se voulait un départ des influences Black Metal pour s’avancer davantage dans leurs autres influences.
La pièce instrumentale servant d’introduction à l’album démontre avec flagrance la dualité du groupe. Bien que le son se soit en effet développé vers un rock urbain qui dépeint avec beaucoup de couleur la civilisation moderne, beaucoup d’éléments rappellent les racines Black Metal du groupe, ainsi que des éléments des autres projets de Neige. On décèle entre outres des tendances post-rock et shoegaze qui font immanquablement penser à Alcest. Le projet aurait eu davantage d’impact et d’originalité d’ailleurs si le son rock aurait été adéquatement développé et aurait laissé les autres sonorités en support. Ces renvois diminuent l’intérêt pour Âmesoeurs en tant que projet à part entière. Les pièces cependant sont variées et diversifiées, offrant un peu de tout ce que l’auditeur peut attendre d’un tel groupe.
Du côté de l’interprétation, on remarque rapidement un changement majeur du côté des vocaux. Alors que Neige chantait sur deux des trois titres du EP, c’est maintenant Audrey Sylvain qui fait office de chanteuse principale. Le timbre de sa voix peut ne pas plaire à tout le monde, mais elle colle plutôt bien au projet. Neige reprends toutefois le micro sur 3 des pièces de l’album, dont une qui surprend par son immense agressivité. Le travail de progression est l’un des points forts de l’album, les pièces semblent vraiment aller de l’avant sans s’en tenir à un moule précis. La guitare quant à elle offre des mélodies simplistes et accrocheuses et oscille quelque part entre des sonorités mélancoliques et cette dynamique propre au rock qui nous fait inconsciemment suivre le rythme du pied. Le son même de la guitare donne l’essentiel des couleurs urbaines au groupe, que ce soit la guitare acoustique à la flagrance à la fois douce et métallique ou la guitare électrique à l’accent léger et un peu en écho. L’un des défauts majeurs de l’album vient des paroles. Il est rare que les paroles soient un point particulièrement marquant d’un album, mais dans ce cas-ci, on ne saurait passer sous silence le manque cruel de travail et de profondeur de ce côté.
Cette épitaphe du groupe se révèle un effort suffisamment intéressant, mais qui fait également preuve de nombreux manques à certains égards. Il est difficile de dire où se situera l’opinion de ceux qui espéraient une suite à Ruines Humaines mais il y a certainement de quoi plaire à plusieurs sur cet album éponyme.