Depuis Thelema.6 en 2000, les Polonais de Behemoth ont grimpé dans la cour des grands avec d’excellents albums tels que Zos Kia Cultus (Here and Beyond) et Demigod. Après un The Apostasy intéressant, mais pas réellement à la hauteur de son prédécesseur, on avait le droit de se demander si le groupe n’avait pas placé la barre un peu trop haute. Alors, est-ce qu’Evangelion relève le défi ?
La première pièce, Daimonos, peut à elle seule répondre à la question. Une introduction atmosphérique et inquiétante fait monter la tension avant de faire place à un riff surpuissant, une batterie déchaînée et des hurlements rauques qui semblent venir droit des profondeurs de l’enfer. On n’est pas dépaysé ! Avec Evangelion, il est clair que Behemoth n’a pas cherché à réinventer la roue ou à changer son style du tout au tout. On y retrouve globalement les mêmes structures déjà entendues dans Demigod ou Zos Kia Cultus. Mais alors me direz-vous, sentant la fourberie, c’est un album commercial et sans âme, uniquement destiné à vider les poches des fans ? Ce serait sans compter le formidable talent d’écriture que possèdent Nergal et Inferno !
Evangelion reprend la brutalité «non-stop» de Demigod mais y ajoute des éléments alternatifs (instruments exotiques ou non, chorales, etc.) à l’instar de The Apostasy. Le mélange est fait avec brio, et le produit final est beaucoup plus abouti que The Apostasy. On retrouve donc des pièces « bulldozer » comme Daimonos ou Shemaforash qui détruisent tout sur leur passage avec une technicité déchaînée, mais aussi des morceaux plus atmosphériques, mais jamais ennuyants tels que Ov Fire and The Void ou Alas Lord is Upon Me. Pour finir, place à Lucifer, une hymne épique aux influences Doom qui clôt l’album avec brio, à la manière de The Reign of Shemsu – Hor dans Demigod.
Notons aussi la production exemplaire qui transcrit à merveille la puissance exceptionnelle des compositions du groupe. Aussi, un bon casque d’écoute est conseillé pour profiter au maximum de cet assaut musical.
Au final, on aurait presque envie de critiquer Behemoth car Evangelion n’invente rien du tout, mais ça serait de mauvaise foi. Evangelion est un chef-d’œuvre épique, l’équilibre presque parfait entre la brutalité et l’ambiance. Un « must » pour tous les fans … et les autres.