Deuxième album du groupe de Viking métal aux influences folk (anciennement folk aux influences vikings) Ásmegin, Arv, sortit au début ce cette année, se distingue, pour le meilleur et pour le pire, de son prédécesseur acclamé par la critique. Composé du même line-up, le groupe change néanmoins son type de production (c’est d’ailleurs cette production, moins réussie que sur le premier disque d’Ásmegin, qui décevra probablement quelques fans du groupe, malgré que cela n’occulte en rien la puissance de la musique présente sur Arv) et son style de musique, dans une certaine mesure. Erik Fossan Rasmussen, chanteur de son état, nous gratifie ici de toutes les parties vocales growls, ainsi que d’une grande partie du chant clean, ce qui provoque un changement. Des invités sont encore présents, dont une chanteuse et un chanteur (pour les harmonies vocales, très riches et intéressantes), et le résultat est un chant très diversifié et convenant à tous les goûts. Rasmussen se fait aussi batteur sur l’album, ce qui est un facteur de rupture par rapport à l’album précédent; alors que Hin Vordende Sod & Sø était un pur album folk, rapide, festif, rappelant dans le style Korpiklaani ou peut être Finntroll, Arv est beaucoup plus viking, épique, avec des tempos plus lents et plus lourds, la batterie y étant certainement pour quelque chose. Le travail derrière les fûts est tout de même fort réussi.
Alors que le guitariste Raymond Håkenrud, le guitariste et accordéoniste Marius Olaussen, le bassiste et chanteur Tomas Torgersbråten et le claviériste Lars Fredrik Frøislie sont encore de la partie, force est de constater que les multiples invités jouant des instruments folkloriques sur le dernier album ne sont pas présents sur le disque Arv. Ásmegin nous avait habitués à des mélodies dansantes et « catchy » typiques du folk festif, mais le son change drastiquement sur l’album dont il est ici question. Les guitares y sont beaucoup plus lourdes, étouffées et mixées dans les graves, par exemple comme chez Amon Amarth, et la sonorité de la musique et du chant mis à l’avant de celle-ci rappelle plus Týr. La basse est très présente, le clavier beaucoup moins, et l’on entend tout de même parfois le violon ou d’autres instruments rappelant le travail du groupe à ses débuts. La musique est donc plus lourde et lente que sur l’album précédent, mais les paroles demeurent semblables, c’est-à-dire en langue norvégienne ancienne pour la plupart et ayant pour thème l’héritage de nos ancêtres, l’hiver et la grandeur de la nature sauvage nordique.
L’album débute par la pièce Fandens Mælkebøtte, une des plus folk, tout comme la pièce titre dont la fin nous rappelle le premier disque du groupe. Complété par le morceau Prunkende, Stolt I Jokumsol, une ballade plus ambiante et acoustique, ce trio de pièces met en valeur la voix féminine de Anne Marie Hveding ainsi que les instruments folkloriques que le groupe utilise. Assez progressif dans le son et dans sa composition, l’album contient aussi des pièces beaucoup plus épiques et d’influence viking marquée. Hjertbrand et Gengangeren en sont de bons exemples, ainsi que la finale, En Myrmylne. Le tempo plus lent et appuyé et les riffs plus travaillés de pièces comme Generalen Og Troldharen ou Yndifall terminent le portrait de cet album définitivement spécial et original. L’instrumentation, les arrangements et les sonorités musicales assez progressives et modernes permettent au deuxième effort d’Ásmegin de se démarquer des deux côtés, soit le folk metal traditionnel de l’un et le viking metal épique de l’autre.
Bien que Arv soit résolument différent de la sonorité à laquelle ses créateurs nous avaient habitués et que cela puisse sans doute décevoir les fans de longue date du groupe, l’album demeure un des très bons du genre, recommandé à tous ceux qui apprécient un juste mélange entre mélodies poignantes, sonorités folkloriques scandinaves, structures progressives, métal lourd et force brute.