Fort d’un démo sorti en 2006, le groupe folk metal russe Fferyllt lançait en février dernier son premier album intitulé Dance Of Druids. La formation, composée de Dmitry Eliseev (compositions, keyboard, guitare acoustique, flûte, bodhran, cornemuse, instruments folkloriques), Georgiy Tsedov et Andrew Avdik (guitares), Joona Zelenskaya (chant féminin), Sergey Gritsai (basse) et Evgeniy Martynov (batterie) ainsi que de plusieurs invités aux instruments folkloriques, propose ici un métal folklorique tout ce qu’il y a de plus traditionnel, avec ce que cela comporte comme lot de mélodies accrocheuses, de thèmes épiques et de paroles axées sur la nature, le paganisme et la mythologie. À noter que les musiciens n’étaient pas tout à fait les mêmes lors de l’enregistrement de l’album (le line-up ci-haut est celui d’aujourd’hui), un autre chanteur étant présent pour réaliser les voix masculines, et le groupe n’avait également pas de batteur, celui-ci étant remplacé par un drum-machine sur le disque.

Cela étant dit, Fferyllt nous arrive ici avec un album de folk qui se rapproche parfois du power metal (du genre Rhapsody, la vitesse omniprésente en moins), surtout lorsqu’il est question des guitares et de certains riffs épiques dans les pièces les plus rapides. Les harmonies épiques sont renforcées par des arrangements symphoniques plus ou moins réussis mais tout de même bien intégrés dans les compositions, ainsi que par l’utilisation de la voix d’opéra féminine. Les instruments plus folkloriques telles que la flûte ou la cornemuse, ainsi que la guimbarde, ajoutent une touche festive à leur musique, qui sans être aussi entraînante que par exemple celle de Korpiklaani ou un autre groupe du genre, est énergique et dansante. Dance Of Druids n’est donc pas un album très original, mais il réussi néanmoins à se démarquer.

S’ouvrant sur A Celtic Tale, le premier opus de Fferyllt démarre en douceur avec le son d’un feu crépitant, avant de laisser place aux guitares et à la flûte, ainsi qu’au drum machine faisant office de batteur (un des points les plus faibles de l’album, étant donné que le son pourrait être moins synthétique et que la fluidité et le feel en général sont touchés par l’absence d’humain derrière les fûts…). La ballade instrumentale laisse place à Night Of The Woodgod, une des meilleures pièces de l’album, avec son long crescendo qui culmine par une mélodie folklorique très entraînante, une combinaison de plusieurs instruments dont la cornemuse, le vocal de type growl et celui d’opéra de la chanteuse, qui s’intègre très bien. Par contre, c’est ici que l’on s’aperçoit que la production aurait pu être plus fignolée, car le tout sonne très compressé et les différentes parties ont de la difficulté à se démarquer, à part la batterie synthétisée qui ressort un peu trop. L’écoute se poursuit avec la pièce Following Skadi, dédiée à la déesse scandinave du même nom, une ballade puissante et épique qui met à profit la voix de Joona (bien que la production ne rende visiblement pas le maximum de sa performance), chantant anglais avec un fort accent russe. Les arrangements sont également très réussis.

La pièce titre suit, beaucoup plus énergique et joyeuse, tout en demeurant dans les mêmes thèmes mythologiques nordiques. L’alternance entre morceau plus lent et plus rapide se poursuit avec la ballade sur un thème de la nature Autumn’s Gold, puis avec la rapide Warriors Of Ireland, et encore avec la pièce lente et épique Jule, chantée en russe par la vocaliste qui s’avère fort compétente pour peu que l’on s’adapte à son style particulier, mais qui s’accorde très bien avec le genre de musique. Les morceaux Winds Of Trondheimsfjorden et Gjallarhorn suivent, respectivement plus énergique et plus lent comme nous y étions habitués. L’album commence d’ailleurs à ce point à être répétitif bien que chaque titre apporte une couleur différente au tableau général. Il se termine d’ailleurs avec deux chansons en bonus, soit les covers de Lai Lai Hei (Ensiferum) et Inis Mona (Eluveitie), qui sans être mauvaises sont peu intéressantes car elles ne constituent qu’une performance quasiment à la note près des originales (sans relecture et comprenant très peu de traits originaux) et qui plus est avec une qualité de production inférieure à celle provenant des compositeurs originaux.

Malgré un certain manque d’originalité et un côté répétitif à leur musique, les musiciens de Fferyllt réussissent à produire un album qui a plusieurs bons côtés et qui suscitera un intérêt certain de la part des amateurs de folk metal traditionnel. Chacune des pièces est digne de mention et la composition en général, ainsi que l’utilisation des instruments anciens et folkloriques, sont d’une grande qualité. En bref, cet album vaut largement une écoute et, en temps que premier effort, annonce un avenir prometteur pour le groupe.