En Amérique du Nord, Thyrfing est relativement peu connu, malheureusement. Le groupe est originaire de Suède et compose une musique folk originale qui, avec le temps, s'est assombrie vers le black. C'est le genre de groupe qu'une édition future du Paganfest devrait entreprendre de faire venir ici. Leur sujet de prédilection est, sans s'étonner, la mythologie scandinave. Depuis 1995 et à travers ses cinq albums, la formation nous délivre constamment une performance digne des plus grands noms du genre.
En 2000, ses cinq membres ont sorti Urkraft, un album de onze morceaux d'une durée totale de 54 minutes. La moitié de ses pièces sont chantées en suédois et l'autre en anglais. Le tout commence avec le tapage de marteaux de forge pour ce qui sera, on le devine, « Mjölner », le marteau de Thor. Alors commence une musique bien rythmée et entraînante portant sur la continuation de la foi païenne et la fierté de porter au cou ledit marteau. Le chant est guttural et prend quelques influences du black metal, mais très peu tout de même. De temps en temps à travers Urkraft, un chant clean vient se faire entendre. Elle gagnerait à un peu plus de travail – non pas qu'elle fausse – mais elle a certainement un grand potentiel. La musique elle-même est bien exécutée, mélodique à souhait, et tout aussi folklorique. Thyrfing n'utilise pas de flûtes ou de violons, ou d'accordéon, ou n'importe quel autre instrument traditionnel; mais au lieu d'avoir deux guitares électriques, seul un des membres brandit la hache et l'autre se sert d'un synthétiseur. « Sweoland Conqueror » enchaîne des riffs savoureux, tout comme « Dryckesväde ». « Home Again » est la première pièce chantée en anglais de l'album. Comme le titre le laisse présager, c'est le retour d'un guerrier chez lui, après un long périple qui l'a amené au bout du monde. Des passes lentes et plus rapides se relayent jusqu'à l'atteinte d'un apogée libératrice qui vient sous forme d'un solo de guitare dont je ne peux me passer. Cette pièce, en plus de « Eldfärd », est la plus calme de l'album, cette dernière étant instrumentale et introduisant « Ways of a Parasite ». « Jord » connaît une progression de riffs diversifiés – c'est le cas pour tout l'album, mais cette pièce en particulier – que j'aime spécialement. Thyrfing n'a pas peur de prendre le temps de bien développer leurs compositions pour les rendre à maturité. « The Slumber of Yesteryears » est un autre exemple de cela. Je pourrais décrire plus en profondeur chaque morceau, mais la musique parle d'elle-même et ce serait inutile. Dépendamment de la version que vous pouvez vous procurer, l'album comporte une douzième pièce en bonus : « Over the Hills and Far Away », version Thyrfing, différente et tout aussi bonne que celle, classique, interprétée par Tarja Turunen de temps qu'elle fût encore membre de Nightwish.
En somme, Urkraft est un excellent album de folk metal que tout amateur du genre se doit de posséder, d'écouter et de danser et headbanger aux rythmes et accords persuasifs – sinon, craignez le tonnerre : on ne sait pas ce que le marteau peut viser des fois! Je n'ai pas entendu le premier album de la formation, Valdr Galga, ni même le EP qui le précédaient, mais ce que je sais c'est qu'après Urkraft, Vansinnevisor et Farsotstider prennent une tangente plus sombre et se départissent peu à peu de leur approche folk, jusqu'à donner Hels Vite en 2008. Si je prends le temps de dire cela, c'est que si vous recherchez un album strictement de folk metal, Urkraft est pour vous. Et comme je le pense pour chaque album de folk que j'ai entendu, l'idéal serait et sera toujours de faire cette expérience auditive lors d'un spectacle.