Dans une scène dominée par les géants tels Children Of Bodom, Wintersun, Kalmah, Norther, etc. qui comprennent des virtuoses produisant une musique à la fois rapide et technique, il est difficile de se démarquer de la masse et créer un produit qui n’est pas un clone d’une méga vedette déjà implantée. Ceci étant dit, Castigare, est une formation de Death Métal Mélodique provenant de Montréal. Ils sont ensemble depuis 2005 et l’an dernier, ils ont fait paraître leur premier album pleine longueur. Ce dernier fut produit par Kim Gosselin, guitariste de Blackguard, qui fit valoir son talent derrière la console avec le premier opus de Gothërfall. Fait intéressant, les textes de Castigare sont tous en français, ce qui s’avère une denrée peu commune pour les groupes québécois de ce style musical.

La première caractéristique qui se fait remarquer lors de l’écoute de «Regarder Sans Voir» est la versatilité du groupe dans son ensemble. En effet, plusieurs structures sont présentes quand on regarde la façon dont chacune des pièces est construite. Parfois, ces dernières sont agressives et lourdes comme se veut le Death, d’autres ont un penchant très mélodique tout en gardant une certaine violence comme le décrit bien le terme Melodic Death et certaines se présentent sous la forme de balades instrumentales.

Au niveau musical, la polyvalence des musiciens se fait aussi remarquer de belle façon. Concernant la partie vocale, Guillaume Plante fait un travail que je me permets de qualifier d’excellent. Sa voix est surprenante considérant qu’il a un registre s’étendant du «call» plus aigu en passant par un «growl» très grave tout en saupoudrant quelques brides de vocal porcin sans oublier certains passages plus propres, mais en gardant un côté rauque. À la batterie, Claude Nadeau démontre toute l’étendue de son talent tout au long de l’album. Sa rapidité est parfois désarmante, surtout parce qu’elle se manifeste lorsqu’on s’en attend le moins. Il est capable de passer d’un rythme conventionnel, enchaîner avec une passe de quelques secondes aussi vite qu’un TGV pour ensuite revenir à son point de départ. Concernant les guitares, un phénomène quelque peu décevant se produit. À plusieurs reprises, cette dernière est vraiment efficace pour créer des mélodies à la fois accrocheuses, rapides, envoûtantes et uniques. En contrepartie, dans certains morceaux, j’ai eu l’impression qu’elle trainait de la patte et cet effet est probablement amplifié par le fait que la batterie roule à haute vélocité. Malgré tout, les solos sont sans reproches et les deux guitaristes se complètent à merveille et constituent un noyau solide autour duquel les autres instruments viennent se greffer.

En résumé, avec «Regarder Sans Voir», Castigare vient montrer à tout le monde qu’il est présent, sérieux dans son processus et qu’il a le potentiel pour se retrouver côte à côte avec les formations européennes qui maîtrisent à merveille l’art qu’est le Death Métal Mélodique. Malgré ses quelques défauts qui peuvent facilement être corrigés, le premier album des Montréalais présente le portrait d’un groupe qui a trouvé son orientation et qui est assez mature pour prendre son envol. Cet opus a beaucoup d’avenir devant lui et mérite sincèrement d’être découvert, tout comme les musiciens qui l’ont conçu.