Les Vikings des îles Féroé, Tyr, nous reviennent avec leur sixième album, Land. Ils restent bien fidèles à eux même : des riffs qui se veulent épiques, rythmés, sur lesquels ont pourrait chanté s'il y avait un refrain notable et si la moitié du temps les paroles étaient en anglais, puisque la majorité sont dans cette dernière langue, les autres dans leur Féringien natal. Mais bien que le chant à l'unisson pour les auditeurs est rendu très difficile, il n'en reste pas moins que c'est très agréable comme sonorité langagière. Personnellement, d'ailleurs, je préfère ne pas comprendre le sens des paroles si je ne veux pas me désintéresser de l'album – comme c'est arrivé avec certains titres du précédent Ragnarok où le rendu final au goût fromagé m'empêchait d'apprécier ses qualités certaines. Cependant, comme je l'ai dit plutôt, la majorité des titres ici sont en Féringien.
À travers l'album de 68 minutes, tout est relativement constant, sauf la chanson d'introduction « GandkvæĐi Tróndar » qui est en fait un genre d'incantation (le titre se traduit par « le chant magique de Trond »), ou encore « Brennivín » (boisson alcoolisée – pour être strict sur la traduction) et « Land » (terre) qui atteignent toutes deux une longueur de plus de dix minutes. La composition de chaque morceau est faite entre les membres du groupe, mais ils vont aussi parfois chercher des éléments extérieurs. On ne leur tiendra pas gré de s'inspirer fondamentalement de thèmes traditionnels ou folkloriques scandinaves – c'est ce que l'on apprécie de ce genre, n'est-ce pas? – et par le fait même, il n'est pas étonnant que, par exemple, la chanson titre, « Land », d'une durée de 16 minutes, tire une partie de ses paroles de l'Hávamál (rassemblement de proverbes scandinaves écrits en poèmes après la christianisation de la Scandinavie, de 1000 à 1100, mais dont la tradition orale remonte à bien plus tôt) ou encore que le morceau « Valkyrjan » (la Valkyrie), avec son introduction clairement classique, soit influencé par l'incontournable compositeur classique norvégien Edvard Grieg. Le chant, tout au long de l'album, reste « clean » et s'y ajoute à une grande fréquence le support d'une similichorale de la propre voix du chanteur sur différentes gammes, le tout donnant un effet bien intéressant. Quelques solos de guitare par-ci par-là prouvent la présence d'un « lead » qui autrement se fond dans la trame mélodique tissée serrée des instruments à cordes.
Ce que je déplore de cet album, sinon de ce groupe, c'est le manque d'agressivité : peut-être que le chant et le son en général pourraient gagner pour ainsi donner un effet beaucoup plus entraînant que ce ne l'est. J'ai aussi parfois l'impression que la voix chante à côté de la musique, sans la suivre. Lorsqu'ils sont venus au Paganfest au début 2008, l'agréable surprise d'entendre une voix rauque plutôt que « clean » m'a fait espérer ce changement important dans la sonorité de cet album – mais non… Tyr gagnerait à accélérer ses mélodies (« Brennivín » en particulier), mais d'un autre côté, c'est probablement le seul groupe de ce genre qui s'obstine sur ce rythme, alors cette « originalité » est somme toute à leur honneur. Les meilleurs morceaux sont, quant à moi, « Valkyrjan », « Lokka Táttur » (la ballade de Loki) avec son introduction plus rapide, « Land » et l'épique « Hail to the Hammer ».