Plusieurs évènements ont fait en sorte que le groupe québécois reconnu mondialement s’est retrouvé sur la sellette depuis les derniers mois. Tout a commencé par l’annonce du départ de Lord Worm et la controverse entourant ce dernier (raisons médicales ou renvoi de la part des membres du groupe). Ensuite, l’annonce de l’ajout à la formation du chanteur metalcore qu’est Matt McGachy (3 Mile Scream) et de la claviériste Maggie Durand, qui sera libérée peu après la sortie de l’album, est survenue. Quelques semaines plus tard, certains extraits de l’album dont il est question dans cette critique et de nouvelles photos montrant le groupe sous son nouveau visage se sont retrouvés sur Internet, faisant hurler à l’abandon et à la trahison les amateurs inconditionnels de la formation. Tout récemment, ils ont placé un petit clip audio intitulé «It’s Dinner Time» mettant en scène un fan déplorant le nouvel album se faisant crier par la tête par sa «meman» que le dîner est prêt, le tout accompagné d’une photo d’eux nous faisant un magnifique doigt d’honneur… quelle belle façon de remercier ceux qui les supportent malgré les hauts et les bas depuis Ungentle Exhumation.
Dire que Cryptopsy n’est plus que l’ombre de lui-même serait un mensonge. Par contre, dire qu’il revient avec un effort comparable à sa discographie passée en serait aussi un. Pour débuter, je ne peux ignorer l’apport des deux nouveaux membres du groupe. Maggie remplit bien son rôle de claviériste même si ses apparences sont, à mon avis, très discrètes. En ce qui concerne le nouveau chanteur, Matt McGachy, sans vouloir faire une blague de mauvais goût, sa voix sonne parfois comme un gâchis. Je m’explique. En général, lorsqu’il utilise sa voix grave, le résultat est agréablement surprenant. Elle est un peu moins gutturale que celle de Martin Lacroix, de Di Salvio ou de Lord Worm, mais elle reste quand même très intéressante. Par contre, ce qui me chicote c’est quand il commence à utiliser sa voix qui monte dans les notes aiguës. Je ne dis pas qu’elle n’a pas sa place lors de certaines pièces, car elle est bien utilisée à quelques reprises, quand elle ressemble à un cri venu d’outre-tombe, mais lorsqu’il commence à faire des passes «metalcores», c’est à ces moments que je commence à grincer des dents. Évidemment, je ne suis vraiment pas fan de tout ce qui peut finir en «-core », mais c’est un album de Cryptopsy auquel je m’attends, pas un album de 3 Mile Scream ou de Trivium. Pour terminer au sujet de la voix du chanteur, je ne m’épivarderai pas sur tous les passages «cleans», mais selon moi, ils auraient pu faire quelque chose de beaucoup mieux. Ils avaient quand même bien réussi à en incorporer dans Once Was Not dans une formule plus agressive et non pas sous forme d’une plainte interminable comme dans Bemoan the Martyr (piste 4).
En ce qui concerne les autres membres du groupe, Flo est vraiment omniprésent du début jusqu’à la fin de cet opus et il est toujours aussi intéressant à entendre malgré la baisse d’intensité de la majeure partie des pièces de l’album étant donné que des parties lentes sont insérées ici et là. Côté guitares, les solos rapides et un peu décousus auxquels nous étions habitués sont totalement disparus, laissant la place à quelques solos plus classiques comme on peut en retrouver un peu partout chez les groupes mélodiques. Par contre, je n’ai rien à redire sur la basse.
En résumé, Flo est, selon moi, le seul élément qui fait en sorte que Cryptopsy puisse encore porter le mot «extrême» dans la description de son style musical. Les deux premières pièces de l’album (Worship Your Demons et The Headsmen) sauront probablement plaire aux fans de longue date étant donné qu’elles gardent une certaine couleur que nous aimons et à laquelle le groupe nous a habitués à travers sa carrière. Par contre, le reste de l’album représente très bien pourquoi le groupe de Montréal est maintenant considéré par plusieurs comme du «Deathcore». Il est évident que ce disque ne plaira pas aux amateurs de None So Vile, mais Cryptopsy saura assurément toucher un autre public qui trouve que Bullet For My Valentine n’est pas assez agressif, laissant derrière son passé et les gens qui lui ont permis de manger depuis 1992. Étant un d’entre eux, une seule solution s’offre à moi : aller écouter mes vieux albums.