Dodsferd, le projet personnel de Wrath, a sortit l'an dernier son second album Cursing Your Will To Live avec, semble-t-il, la ferme intention de bien montrer au monde sa haine et son dégoût — ou quelque chose comme ça… on ne s'éloigne pas trop du genre quoi… Mais quoi qu'il en soit, on nous offre ici quelque chose d'intéressant : tout droit sortie de Grèce, étonnamment, cette musique apporte une brise digne de contrées plus nordiques avec une qualité sonore qui garde ses qualités « sales » tout en ayant le mérite de ne pas provenir d'une cave. En tout cas, musicalement, il n'y a pas grande concession : c'est brutal, tant par tous les instruments que par la voix.
Cursing Your Will To Live est un album de 67 minutes divisé en 10 chansons. Ça commence par « All Of Them Are Dead », une minute et treize secondes de distorsions – intéressant, sans plus. Puis suivent le limpide morceau « Hypocritic Shitfuckers Still Breathing », les tout aussi explicites « You Called It Resurrection ; I Call It Fairytale For Human Parasites, Your Kind » et « Failure Was Described As Religion, As Heresy ». Toutes trois des pièces d'une agressivité subtilement mélodique, digne de s'emmêler les cheveux. Ensuite, les premières secondes de « I Was Challenged To Enter The Gates Of Blasphemy » brisent la cadence instaurée avec une introduction parlée, mais heureusement qu'elle ne dure pas longtemps et que l'on peut vite continuer à apprécier la musique.
Ce sera de courte durée, puisque le sixième morceau, s'intitulant « Under A Broken Cross, I Buried Your World », s'inscrit comme un « remake » auditif de l'Exorcisme – 6 minutes entières de sentiments partagés (du moins pour moi) alors que je ne savais pas si ma réaction devait pencher vers l'intérêt, la curiosité, l'ennui, l'exaspération, ou la moquerie… En fin de compte, je crois que j'ai préféré en rire qu'en pleurer, me disant que les quatre chansons suivantes auraient fort à faire pour pallier à la déception. « Standing At The Ashes Of A Forsaken Kingdom » vient à point pour faire le travail, avec ses neuf minutes quarante secondes de long, malgré les cris un peu trop poussés parfois. « Cursing Your Will To Live », la chanson titre, est composée d'agréables riffs plus mélodiques, mais fort entraînants. « Your Death, My Propitation » et « I Kept Standing With Disgust » ont toutes deux une introduction parlée comme précédemment, mais cette fois, c'est la voix d'un zélé catholique s'en remettant aveuglément à Dieu qui s'élève soit posément soit fébrile de conviction. S'ensuit encore la chanson proprement dite qui débute avec les imprécations directes du chanteur et ses cris d'outre-tombe, parfois exagérés. La franche brutalité des autres instruments vient égaler ce dernier, chose dont on leur sait gré.
Le résultat final de cet album est à la fois bon et risible. Risible ne serait-ce que par le choix de certains titres, par l'insistance du chanteur à agoniser, ou encore par la seule décision d'utiliser six minutes pile à exploiter un sujet déjà mille fois exploré (et avec beaucoup plus d'originalité) autant visuellement – cinématographique, littéraire – qu'auditivement. Autrement, le potentiel de ce dernier travail de Wrath réside dans des riffs bien rudes et mélodiques, pas révolutionnaires mais pas copiés non plus. Il n'y a pas de chanson qui ressort mieux l'une que l'autre, Cursing Your Will To Live est simplement agréable à écouter.
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