Réédition sur Moribund Cult d’un album paru en 2004, Burning The Born Again… (A New Philosophy) de Satan’s Host, groupe du Colorado, donne dans un black/death métal diabolique et poignant. Étonnamment, le groupe a débuté en 1977 en tant qu’unité… power métal! Le groupe se sépare en 1987/88, lorsque leur chanteur Leviathan Thisiren (aka Harry Conklin) quitte la formation, pour se reformer en 1994 avec un nouvel artiste vocal, L.C.F. Eli Elixir, prenant ainsi un nouveau départ, dans une nouvelle direction musicale. Un parcours intéressant, qui donne lieu à un haut niveau d’expérimentation dans les séquences, dans l’ambiance ainsi que dans la production. Burning The Born Again… (A New Philosophy) marque un pas important dans la dynamique de ce groupe de vieux routiers, et incarne la preuve que les années n’ont pas eu raison du feu sacré.
Ce quatrième opus en carrière marque la venue dans la formation d’un nouveau batteur, Pete 3. Wicked. Issu de la scène grindcore, la nouvelle recrue emmène avec lui des influences qui donne au son du groupe quelque chose de plus brutal, plus cru. Au niveau vocal, on alterne entre les sonorités black métal, plus présentes au compte final, à quelques touches death plus gutturales. Les harmonies vocales ambiantes chantées se font aussi remarquer, ainsi que quelques proses parlées, qu’ils décrivent comme des « incantations poétiques traitant de ‘Black Magick’ ». La magie noire et le satanisme, deux thèmes fréquemment abordés dans le répertoire du groupe, forment donc encore la base du registre lyrique du quartet, anti-chrétiens affirmés.
Au niveau musical, on note entre autres le retour des synthétiseurs et claviers, un ajout qui à titre évolutif, donne une dimension plus ‘épique’ au son du groupe. Legs probable de leur époque power, évoluant bien avec leur nouveau style, ces derniers donnent des accents mélodiques et des émotions différentes au produit final. La fureur des séquences de guitares quant à elle, évoque à certains moment des sentiments profondément âpres auprès de l’auditeur, à certains autres une rythmique soutenue, très ‘groovy’, définit le défoulement ultime, et frôle même le thrash métal à certain moments précis. À tout moment, les pistes de drums offrent une symbiose parfaite avec l’ambiance des pièces : d’une exactitude lancinante par moments, se lançant dans de furieux blast beats le moment suivant, jouissant d’un jeu de cymbales et de bass drums d’une qualité impressionnante, le nouveau venu dans la formation et dans les sphères professionnelles se débrouille extrêmement bien. L’utilisation de capteurs de pression (communément appelés « triggers » dans le jargon) sur le bass drums permet aussi une qualité d’enregistrement sans précédent pour le groupe. Le son clean et gras de la basse vient complémenter toutes ces qualités rythmiques.
En somme, la production impeccable de l’album rends justice à la qualité inhérente à la composition, à la recherche effectuée au niveau du son qui donne un nouveau souffle au groupe, et lui rends justice avec leur album le plus solide à date. Pour le mélomane, les influences variées, emmenées par l’expérience diversifiée des membres de la formation américaine, offre un produit intéressant à disséquer. Pas besoin d’être callé en musique par contre pour apprécier la simplicité accrocheuse des séquences qui font la force motrice de cet album. Mes recommandations : « Sinners in Sanctuary », « Burning The Born Again » et « Inverted Jesus », pour le groove l’intensité de la prestation, et “The Unholy Sabbath” pour la recherche au niveau des vocals et des guitares/rythmes.