Spectacle: Le 8 Mars 2019 à Le Trou du diable de Shawinigan
Organisateurs: Le Trou du diable / L'Agence Jaune
Photographe: Julie Voyer
Compte-rendu: Julie Voyer
Le vendredi 8 mars, je me suis rendue pour une première visite au Trou du Diable, la microbrasserie/bar-spectacles de Shawinigan. C’est un des endroits où
Anonymus a choisi de nous payer la traite pour célébrer ses 30 ans d’existence.
Cette soirée thrash metal et metalcore commence avec le groupe local
Death Note Silence, accompagné d’un personnage portant un masque noir qui tente de motiver la foule. Ce n’est pas que le groupe n’y arrive pas, l’énergie est là, le chanteur Ben Garceau nous y invite, mais la foule est entre deux eaux (ou deux bières) pour l’instant : l’envie de slammer s’opposant à la directive de ne pas faire de karaté. À un moment donné, il invite même les gens à chanter avec lui, ce que certains font, et à monter sur scène, mais personne n’en a le courage. Les autres, Pete Lavoie et Phil Howard aux guitares, David Duchemin à la batterie et Ju Déry à la basse ont tout autant d’énergie et on sent que ça leur démange de ne pas avoir plus de place pour bouger. On utilise souvent l’expression « comme une tonne de briques » à toutes les sauces, mais dans le cas de DNS ça s’applique bien : ça ou bien un train qui arrive sans crier gare... (ok je sors). Les cinq comparses tapent la lourde cadence du pied et ça explose, simplement et efficacement.
C’est au moment de changer le matériel que je me rends compte que tout est stocké dans la salle des cuves de la microbrasserie, juste à côté. Là je comprends pourquoi c’est un peu long, car l’accès est un peu restreint. Mais rien qui empêche
Becoming The Bully de prendre toute la place pour livrer sa marchandise tout aussi lourde et « core » que celle de DNS. La formation, composée de Dany Godin et Jessy Boulianne (guitares), Manu St-Jean (basse) et Steven Nadeau (batterie), alterne entre des pièces de son EP
Zenith et d’autres qui figureront sur un prochain album. Avec Carl Dubreuil qui en impose au micro, la foule se dégourdit un peu plus. Malheureusement,
Becoming aura écopé d’une prise de son très inégale, à mon avis, où la basse était trop forte et les deux micros des
backup vocals, trop faibles (ou même éteints?).
Le groupe jubilaire de la soirée,
Anonymus, s’amène ensuite sur scène dans la noirceur, dos au public, habillé en bleu de travail. Leur toile de fond : la couverture de leur onzième et plus récent album studio,
Sacrifices, soit un écorché aux multiples bras comme Shiva. Sans avertissement, dans une lumière rouge, on se fait balancer « L’union fait la force » au visage et dans les oreilles, juste pour ne pas qu’on se rende compte de cette attaque de décibels. Et ça marche : les fans se lancent tout de suite dans un joyeux
moshpit désorganisé et arrosé de bière. Vous ne serez pas surpris si je dis que le show est bien rodé. Anonymus n’a pas le nombril vert et a fait ses preuves depuis longtemps. Avec Voivod, on peut affirmer que la formation est un des piliers du metal québécois. Les enchaînements sont bien dosés et, même si les propos scandés sont sérieux, on profite d’une prestation énergique et pas trop contestataire. Les titres connus comme « Un poing c’est tout » et « Tu es mes démons » sont des cris de ralliement pour le public, que Daniel Souto et Jef Fortin, aux guitares, encouragent vivement.
La prestation est entrecoupée d’interventions toujours pertinentes d’Oscar Souto (voix et basse), notamment quand il parle du cheminement de la formation. Et aussi quand il dédie la pièce « À la vie, à la mort » à leur amie musicienne et directrice de tournée Marie-Pier Lavigne, hospitalisée* en France après une très mauvaise chute (
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1157148/directrice-tournee-groupe-punk-quebecois-code-40-11-coma-france?utm). Et quand il invite les femmes présentes à se placer à l’avant-scène, pour qu’elles puissent bouger et se défouler sans se faire « ramasser » par une armoire à glace pendant « Prosternez-vous ». Une belle attention. Je dirais que le seul bémol de la prestation d’
Anonymus, c’est l’invisibilité de Carlos Araya derrière sa batterie. Il est trop bien caché dans la boucane et derrière son micro. Mais, comme au hockey, je peux aussi dire que c’était un bon alignement de deux jeunes groupes et d’un vétéran.
Anonymus poursuit sa tournée anniversaire dans la province, alors surveillez le calendrier de MetalUniverse.net pour ne pas les manquer.
*NDLR : Au moment d’écrire ces lignes. Nous avons appris le décès de Marie-Pier quelques jours plus tard.
Setlist Anonymus
L’union fait la force
Fonce ou crève
Soif de vengeance
Un poing c’est tout
Je suis la bête
Décrisse
La mèche est courte
Invisible Man
Envers et contre tous
Tu es mes démons
Prosternez-vous
Vermine
À la vie, à la mort
Un pied dans la tombe
[rappel]
Sous pression
Que le diable m’emporte
Vidéo de la chanson dédiée à Marie Starlet Lavigne, filmée par TeamMontrealMetal :
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