Eux-mêmes avaient d'abord choisi d'utiliser le terme "défouraille metal" à celui de "metal", histoire de
à la fois souligner d'où il vient et en même temps de marquer leur différence. Pourtant Gojira (l'un des groupes les plus à part que la scène metal, voire rock dans son sens large, française ait jamais vu) n'avait pas franchement besoin de ce genre d'artifice.
Aujourd'hui encore moins. Bien sûr, quand tout cela a démarré dans un garage de la région de
Bayonne en 1996, les motivations des frères DUPLANTIER (Joe à la guitare et au chant, Mario à la batterie) et de leurs compagnons de route Jean-Michel LABADIE (basse) et Christian ANDREU (guitare) étaient alors nettement plus basiques. Mais même sous la pochette à la finesse d'un hachoir à viande de leur première démo et sous le titre cliché de Possessed surnageaient déjà les premières traces de leur émancipation future. Godzilla était peut-être une grosse bestiole
verte s'amusant à écrabouiller des immeubles en carton pâte, le grand méchant loup de films de science-fiction japonais des années 60 aujourd'hui délicieusement kitsch. Mais c'était aussi une métaphore sur la menace nucléaire avec laquelle l'homme fait joujou sans vraiment en mesurer
l'ampleur... Amené juste avant leur premier album à changer de nom pour des raisons de droits, Godzilla devient alors tout simplement Gojira, soit la traduction japonaise de son nom d'origine. Car même si la musique a déjà muté, l'état d'esprit est lui le même. Alors appelez cela comme vous voulez : une conscience écologique, un discours politiquement correct, une mentalité 50% new age 50%
hippie ...
Mais le groupe, lui, a choisi son camp. On parle aujourd'hui à tort et à travers de prendre soin
de notre Terre et de veiller à son bien-être. On brasse beaucoup d'air sur la pénurie future de pétrole,
sur la couche d'ozone voire même sur la disparition prochaine du lapin palmé d'Ouzbekistan (et
pourquoi pas tiens?!). Mais on ne fait rien. Rien du tout. Gojira, lui, agit. Tape du poing sur la table. Voire prend son marteau et assène un coup à la gueule d'un public qui ne veut rien voir. Nous avons oublié notre planète, cette "terre inconnue" (Terra Incognita, premier coup de semonce en 2001) que nous avons perdue de vue.
Il nous faut donc renouer nos liens avec elle (The Link, deuxième rappel à l'ordre trois ans plus tard) avant qu'il ne soit trop tard. Après plus de trois cent concerts en France et à l'étranger, après un DVD live vendu volontairement sans l'appui d'aucun "gros" distributeur, après la reconnaissance aussi bien du public (plus de 8,000 exemplaires vendus de The Link en France) et de ses pairs (printemps de Bourges, concert de soutien au KO Social au Zénith de Paris, signature sur le label des Têtes Raides), il est temps pour Gojira de secouer une bonne fois pour toutes le cocotier.
Enregistré chez eux aux studios des Milans où d'autres assoiffés sont venus s'abreuver (Manimal, Trepalium, Psykup,…), From Mars To Sirius est donc l'album de la révolte. Où même les forces ancestrales des dragons sont invoquées, où l'océan laisse gronder sa colère et où tous les voyants sont au rouge. Le disque où l'action a pris la place sur la passivité. La révolution est bien en route.
Alors prenez y part avant qu'elle ne vous marche dessus.
Gojira est de passage au Québec pour plusieurs spectacles au début 2007 dont une présence avec Lamb Of God, Machine Head et Trivium au Medley à Montréal en mars.