Chef-d’œuvre: oeuvre accomplie en son genre. Cette définition n’est que trop juste pour qualifier le dernier album des Français de Fairyland qui nous avaient déjà impressionné en 2003 avec la sortie de l’excellent « Of Wars in Osyrhia ». Toutefois, son successeur « The Fall of an Empire » est sans aucun doute le meilleur album que la France nous ait offert jusqu’à ce jour et un des meilleurs disques de metal symphonique qu’il m’ait été donné d’entendre depuis la sortie de « Symphony of Enchanted Lands » en 1998! Rien de moins. L’œuvre de Fairyland pourrait même en quelque sorte passer pour la nouvelle définition de ce que doit être le metal symphonique. Vous l’avez compris, cet album, bien que comportant de très légers défauts, frôle la perfection.
Comme sur le premier album, la force de Fairyland réside dans les chœurs. La particularité du groupe c’est qu’ils les utilisent de la même façon qu’ils utiliseraient un chanteur au lieu de les incorporer que comme simples accompagnements. J’entends par là que fréquemment les refrains ne sont chantés que par les choristes comme sur «The Walls of Laemnil » et « Anmorkenta ». De plus, l’album est saturé de chœurs d’une grande richesse. L’effet produit par l’alternance du chant avec les chœurs fait lever tous les poils du corps tout au long de l’album. Ils sont présents aussi dans l’intro symphonique du disque qui est digne des plus belles trames sonores de film fantastique. Présents également sur des intros de pièces (The Awakening), lors d’intermèdes (Slaves Forlorn) et en arrière-plan comme sur l’excellente ballade « Look into the lost years ». Fairyland prouve aussi que lorsque la production est soignée, il est inutile de louer un orchestre symphonique entier pour être épique.
Alors que « Of wars in Osyrhia » était beaucoup trop près de « Symphony of enchanted lands », sur « The fall of an empire » Fairyland trouve son propre son. Toutefois, les influences demeurent. On y retrouve encore d’excellents solos de guitare très Turillien et des solos de claviers qui auraient pu être composés par Alex Staropoli. Par contre, au contraire de Rhapsody, Fairyland est véritablement un groupe de metal symphonique au lieu de jouer une musique symphonique à laquelle on a ajouté des éléments métalliques de qualité discutable.
Le début de l’album est très bien, mais plutôt classique pour le genre. Toutefois, à partir de la sixième pièce « Eldanie Uelle » jusqu’à la toute fin, toutes les pièces sont plus grandioses les unes que les autres. Et cette légère ambiance folklorique à la Blind Guardian y est pour beaucoup. Spécialement sur « Clanner of the light » avec son intro martiale et sur la pièce plus agressive « The walls of Laemnil ». Le jeu de guitare fait immanquablement penser à celui présent sur « Mirror Mirror ». De plus, on n’y échappe pas. L’album se termine par une longue pièce épique : intro douce au piano, orchestrations magnifiques et bouts rapides qui alternent avec des bouts très lents. Onze minutes de bonheur et une vraie réussite. C’est aussi la pièce la plus « heavy » du disque.
« The fall of an empire » ne serait pas une œuvre aussi majestueuse sans le travail extraordinaire de tous les chanteurs et choristes. La chanteuse du premier album, Elisa C. Martin, était bonne, mais la performance de Max Leclercq fait vite oublier son regrettable départ. Il est aussi bon que dans Magic Kingdom,son groupe d’origine. De plus, sa voix peut parfois être très près de celle d’Olaf Hayer, mais sans tout le charisme du chanteur allemand. On se rencontre par contre, qu’il chante à peine sur la moitié de l’album tant les chœurs sont présents. Ce n’est pas un mal puisqu’ils sont de qualité. Le chant est particulièrement beau sur « Eldanie Uelle » grâce au chant aigu qui laisse sa place au chant grave et aux chœurs. Et la chanteuse qui est également de la partie. Avec son intro au piano de toute beauté et son refrain énormément épique, cette pièce est donc une des plus réussies de l’album. Cette chanteuse pourrait même faire passer la nouvelle protégée de Luca Turilli pour une débutante tant sa prestation est remarquable sur les deux ballades. La glorieuse « In Duna » et la très douce « Look into the lost years ». Le petit coté celtique, flûte et guitare acoustique aidant, présent sur les ballades est aussi très agréable.
D’accord, je n’y ai pas été de façon très nuancée. Je commençais même à la fin à manquer de qualificatif élogieux pour décrire le dernier album de Fairyland. Toutefois, honnêtement, je n’ai pas trouvé de défauts assez gros pour valoir la peine d’être cités. « The fall of an empire » est un chef d’œuvre de metal symphonique, et bien qu’il ne soit pas aussi accessible à la première écoute qu’une disque de Rhapsody, les amateurs du genre l’adoreront sûrement. Et avec l’impression d’essoufflement des derniers Rhapsody, Luca Turilli et Dreamquest, Fairyland sera en très bonne position au côté de groupes comme Thy Majestie et Aquaria pour faire sa marque lorsque l’empire rhapsodien tombera.
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