Lorsqu’on parle de rock et de metal alternatif, on entend souvent les mêmes noms revenir. Malgré que l’appellation de ce style soit surutilisée, elle a tout de même une réelle signification. L’un des noms qui revient souvent dans le monde de l’alternatif est Incubus. La formation californienne nous est arrivée vendredi dernier avec leur 8e album studio auquel ils ont donné le nom le plus original de tous les temps : 8. Il faut dire que cet album était très anticipé, arrivant six ans après leur précédant, If Not Now, When?, qui avait en plus été généralement assez mal reçu par la critique. C’est pour ainsi dire que leur dernier album objectivement bon datait de 2006.
C’est sans grande surprise que l’on renoue avec Incubus. Fidèles au style de rock alternatif vers lequel ils se sont plus retournés au cours des dernières années, ils ont choisi de faire confiance cette fois à Skrillex pour la production de leur album, qui a également pu participer partiellement à la composition de l’album. C’est cependant un style plus calme qui nous est présenté, avec très peu de riffs comme on les connaît. Leur style vieillit et mûrit visiblement d’album en album. D’ailleurs, la production de l’album semble plus vouloir se rapprocher d’une sorte de Grunge indépendant. C’est intéressant de voir évoluer la formation en tant que musiciens en composant des pièces plus épurées axées sur l’atmosphère plus que sur le contenu musical. Toutefois, le vide qui est créé à travers ce style n’est pas comblé par une exploration musicale digne de cette place comme font la plupart des groupes.
Brandon Boyd, leader du groupe, nous offre une performance vocale très satisfaisante. Il est visiblement très à l’aise avec sa voix et connaît ses capacités en tant que compositeur, ajoutant par moments quelques effets à sa voix pour optimiser l’expérience. Dans la seconde moitié de l’album, on sent Incubus prendre un virage électro et plus l’album progresse, plus l’impression de présence de substances plus qu’illicites dans notre corps fait douter l’auditeur de lui-même. Je pense entre autres à la 10e pièce de l’album, Make No Sound in the Digital Forest, qui pousse une exploration d’ambiance et d’atmosphère plus loin que nécessaire. Encore une fois, c’est une chance d’explorer musicalement leurs aptitudes musicales ainsi qu’un style à développer plus concrètement qui est remplacée par une exploration malgré tout très poussée des atmosphères qu’ils créent grâce à leurs sonorités. La dernière pièce de l’album, Throw Out the Map, est cependant un très bon aboutissement à cet opus, mixant assez bien leur style habituel à la direction qu’ils prennent vers la deuxième partie de l’album. Cependant, dans le meilleur des mondes, ils auraient dû comprendre ce qu’ils ont réussi à comprendre avec cette pièce dès le tout début de l’album.