On parle souvent de la ville de Québec comme étant le phare du Métal Noir Québécois de notre province. Certes, la majorité des formations de ce genre qui valent la peine d’être découvertes proviennent de la Vieille Capitale. Malgré tout, il ne faut pas oublier que notre territoire est immense et que certaines perles peuvent se retrouver bien ensevelies dans des endroits que nous ne serions pas poussés à visiter au premier regard. C’est un peu ce qui se passe avec Neige Éternelle dont il sera question dans les prochaines lignes. En effet, de plus en plus, suite à quelques rituels par-ci par-là, son nom a commencé à circuler sur les lèvres des amateurs de musique Underground. J’ai vite compris pourquoi une telle vague était née lorsque j’ai eu la chance de le voir performer au Saguenay il y a maintenant quelques mois. C’est donc dans cette optique que je me suis procuré sa seule et unique sortie: un démo sur cassette à tirage limité.
La première chose qui saute aux oreilles lors de l’écoute de ‘‘Forêt Nord-Côtière’’ est l’aspect proximité dégagé par la méthode d’enregistrement utilisée. Plus précisément, malgré la technique qui m’apparaît assez rudimentaire, Neige Éternelle a réussi à donner un cachet vraiment spécial à son offrande. Ceux qui ont écouté l’album ‘‘True Norwegian Black Metal - Live in Grieghallen’’ de Gorgoroth retrouveront l’ambiance feutrée et toute la vigueur dégagée par les musiciens qui se déchaînent sur leurs instruments comme des damnés afin de créer la musique la plus démoniaque possible. L’auditeur a l’impression d’assister à une performance privée au local de pratique du groupe tellement l’atmosphère est ‘‘vraie’’. En résumé, vous n’aurez qu’à vous assoupir quelques secondes avec vos écouteurs et je suis persuadé que vous aussi, vous verrez Sti apparaître dans votre imaginaire, dégoulinant de sang et de corpsepaint avec sa veste carreautée, scandant ses textes à 2 pouces de votre visage.
Musicalement parlant, Neige Éternelle ne réinvente pas la roue, mais je ne crois pas que ce soit son objectif principal. Malgré tout, il propose une musique qui ne se fondra pas dans la masse de sorties Black Métal qui afflue de nos jours. Les riffs de guitare créés par Nightgrim sont à la fois puissants et efficaces. Il peut être facile de retomber dans les mêmes patrons déjà exploités des centaines de fois dans un style qui existe depuis maintenant presque 30 ans, mais dans le cas présent, il réussit à créer des mélodies à la fois primitives, intenses et originales. De plus, ses prouesses à la basse valent la peine d’être explorée. Elle supporte efficacement sa compatriote à six cordes en y ajoutant à la fois brutalité et lourdeur. Elle rend la musique des nord-côtois beaucoup plus riche et plus profonde qu’un simple Métal Noir où les guitares et la batterie engloutissent le reste de l’ensemble musical. Dans un autre ordre d’idées, le versatile Nightgrim, vient aussi renchérir l’ambiance sombre et violente proposée par son jeu derrière la batterie par des rythmes parfois rapides, parfois langoureux. Comme discuté précédemment, la méthode d’enregistrement étant rustique, son exécution est davantage organique, ce qui bonifie l’aspect ‘’Kvlt’’ de l’effort. Finalement, aux vocaux, Sti se déviarge littéralement les cordes vocales sans aucune retenue. Guttural à souhait, il s’exprime avec une haine palpable et se permet même plusieurs hurlements comme un loup-garou qui vénère la lune. Sa performance est mémorable et est définitivement un point qui m’a fait accrocher à la musique de son groupe.
En résumé, avec ‘’Forêt Nord-Côtière’’, Neige Éternelle taille définitivement sa place sur la scène Underground Québécoise. Sa musique propose quelque chose de différent tout en restant dans les lignes directrices du style exploité. Une chose est certaine, avec ce démo, il saura assurément détourner les regards vers sa région nordique et les autres formations qui y prennent racine comme Night et Mortuas. Gardez un œil ouvert, car l’avenir est assez prometteur pour les deux protagonistes et leurs acolytes.