Dans la langue de Molière, Hak-Ed Damm signifie ‘’champ du sang’’. Cette traduction peut sembler bien simplette, mais décrit merveilleusement ce de quoi est capable la formation québécoise. Après un démo assez fracassant qui lui a permis de propager ses créations non seulement au Québec, mais en Ontario et aux États-Unis, elle revient à l’assaut avec son tout premier album pleine longueur portant le nom de ‘’Nekrowristfucked’’. Les amateurs du quintet n’ont pas été surpris lorsque le titre et la pochette de l’opus furent dévoilés, mais une chose est certaine, ces derniers sont des attributs qui ont su et sauront attirer les regards de tous ceux qui mettront la main sur le disque. C’est bien connu, la provocation est une stratégie de marketing qui fonctionne à merveille. La question à se poser est : ‘’Est-ce qu’Hak-Ed Damm est en mesure de livrer la marchandise musicalement en sachant que l’enrobage est réussi à 100%?’’
La toute première chose qui vient frapper l’auditeur de plein fouet lorsque débute l’écoute est la violence exposée par les chansons des Québécois. Il arrive souvent qu’un groupe adopte des comportements anticonformistes et dégage une image haineuse, mais leur brutalité ne se limite qu’à quelques têtes de mort sur leur chandail et leur logo. Heureusement, Hak-Ed Damm ne fait pas partie de ceux qui s’amusent à jouer la comédie. Il vit et assume totalement ce qu’il projette. En effet, aussitôt que la galette de plastique commence à tourner dans le lecteur, une musique bestiale et sans merci telle un béhémoth enragé vient happer l’amateur de plein fouet. Fait intéressant, le tourbillon dévastateur agilement créé ne s’essouffle pas avant que les quasi-cinquantes minutes de l’effort ne soient écoulées. Heureusement, les résidents de la Capitale Nationale ont su comment varier leurs mélodies et leur approche. Plus précisément, ‘’Nekrowristfucked’’ est loin d’être que du tapage et de l’agressivité gratuite sans aucune conviction. Certains moments que je me permets de qualifier de plus tranquilles furent parsemés judicieusement dans quelques pièces question de débaucher les fans de plus belle lorsque le train se remet en marche.
Musicalement parlant, si je vous disais qu’Hak-Ed Damm vient révolutionner l’univers du Black Métal Brutal, je vous mentirais en plein visage. Par contre, après maintes et maintes écoutes de l’œuvre dont il est présentement question, je peux vous affirmer que les Québécois ne sont pas qu’une vulgaire réplique de ce qui se fait déjà dans l’industrie. Certes, il est impossible de nier que la sonorité ressemble à certains groupes cultes comme Marduk, mais ce n’est pas parce qu’une recette est similaire que le goût l’est pour autant. Au micro, ZoKvist impressionne avec son vocal débordant de puissance et gluant à souhait. Sa performance se distingue clairement des autres musiciens et je crois que le groupe a pris une bonne décision en faisant de la sorte étant donné qu’il dégage une assurance intéressante et est en grande partie responsable de l’agressivité mise en scène. Aux guitares, VikkeR et ExU induisent des mélodies assez originales, mais qui ne vont pas nécessairement au-delà de ce qui fut déjà exploré dans le style. Malgré tout, ils sont extrêmement efficaces autant lorsque le tempo est rapide ou lent. Ils sont un bel exemple de la symbiose qui peut survenir lorsque deux personnes qui jouent du même instrument unissent leurs forces pour créer une musique décapante et dévastatrice. À la basse fretless, Zurhosis démontre à merveille que son instrument peut ajouter un plus à l’ensemble musical. Plus précisément, la sensation de ‘’sans filet’’ qu’apporte une basse sans frettes est vraiment saisissante et rend l’expérience proposée par Hak-Ed Damm un peu plus raffinée dans tout son chaos. Finalement, à la batterie, Silencer démolit absolument tout sur son passage. Son jeu est intelligent et sa diversité est digne de mention. De plus, la finesse avec laquelle il exécute ses rythmes parfois ravageurs, parfois plus délicats, est assez impressionnante.
Dans un autre ordre d’idées, comme je l’ai mentionné en introduction, la pochette de l’album est tout simplement dégoûtante, mais dans le bon sens du terme. Hak-Ed Damm a toujours eu la faculté de choisir des images et des slogans choquants et il n’y a pas à dire, cette fois-ci, il a encore visé dans le mile. De plus, à noter que deux anciennes pièces furent revisitées et sont disponibles en bonus.
En résumé, avec ‘’Nekrowristfucked’’, le quintet québécois donne un méga coup de barre à clou en plein visage de la scène Black Métal Brutal. Il exprime officiellement sa personnalité avec un effort qui saura assurément attirer l'attention de nos voisins du sud et, qui sait, des mélomanes de l’autre côté de l’Océan Atlantique. Certes, il serait hasardeux de conclure qu’Hak-Ed Damm repousse les standards établis par les formations cultes, mais il est important de souligner qu’en terme de produit local, il est un des seuls à se démarquer de façon significative. Je ne le dirai jamais assez, le Québec est une terre riche et prospère en terme de Métal Extrême et le groupe dont il est présentement question vient encore une fois confirmer que notre nation n’a rien à envier aux autres.
Welcome Us! Welcome affliction
Knives are raising of grotesque addiction – A lifetime of endless birth kills
Wait for the blood of the Saint to be spilled