Plusieurs ont pu croire, après le départ du batteur Chris Hakius, que le duo, complété par le bassiste et chanteur Al Cisneros, cesserait d’exister. Après tout, la fin abrupte de leur prolifique collaboration de longue date était plutôt inattendue. Mais, loin de là : c’est le batteur Emil Amos (Grails, Holy Sons) qui a repris le flambeau, et voici le premier album issu de cette nouvelle association. Bien sûr, le style est quelque peu modifié (la moitié du groupe a tout de même changé!), mais en général, Om nous revient avec un doom metal teinté d’influences des musiques orientales. La présence de leur invité, Robert Aiki Aubrey Lowe (Lichens, 90 Day Men) y est pour quelque chose.
Le disque s’ouvre sur une Thebes, pièce de 19 minutes. La tambura (rien à voir avec un tambour, c’est plutôt un instrument à cordes semblable au luth oriental ou à la sitar) de Lowe crée un fond sonore propice à la méditation, alors que la basse de Cisneros s’ajoute avec un riff répété tel un mantra. Le chant suit, avec ses paroles traitant de spiritualité mystique sous toutes ses formes, avant que la batterie ne fasse son entrée progressivement. Calme et atmosphérique depuis le début, le morceau s’enflamme avec une ligne de basse distorsionnée et une batterie lourde, qui marque les temps à coup de ride. On y reconnaît Om à tout coup, même si Amos a un style très différent d’Hakius.
Meditation Is The Practice Of Death poursuit dans la même veine, alors que la voix est mise en évidence puis s’efface pour laisser place à un long riff répété, appuyé par la batterie très fluide, qui semble flotter au dessus du reste. La pièce est conclue par un long solo de flûte, ce qui peut sembler louche vu le style de musique, mais qui finalement s’immisce bien dans l’atmosphère de la musique.
Ce sont deux pièces instrumentales qui viennent fermer l’album. D’inspiration très moyen-orientale, Cremation Ghat I est très différente du Om habituel, alors que le tempo est plutôt rapide. La ligne de basse sautillante est rythmée par les clappements de mains et les rimshots d’Amos, et des chants traditionnels orientaux (indiens? tibétains?) performés par Lowe et doublés par Cisneros ajoutent à la sonorité particulière du morceau. Par contre, Cremation Ghat II voit Om revenir à un tempo plus lent et à un son semblable à celui retrouvé sur les deux premières pièces. La tambura est mise en évidence avec quelques parties mélodiques et un drone incessant, tandis que des percussions et une ligne de basse très mélodique viennent compléter l’ensemble. Ces deux pièces sont en général trop courtes; l’on aurait aimé voir comment le groupe aurait continué dans le même ordre d’idée, puisque le style abordé était dépaysant.
C’est probablement leur voyage au Moyen-Orient qui a inspiré Om pour l’écriture de God Is Good. Synthétisant ces influences à leur son doom lourd et distinctif, le duo parvient à se réinventer tout en restant fidèle à ce qui le caractérise. Un très bon album en général, qui plaira aux amateurs de musique expérimentale comme aux fans de doom plus traditionnel.