1349 est un groupe relativement peu connu, mais généralement vénéré dans sa sphère musicale, le black metal. D’origine norvégienne, la formation a, depuis 2000, réalisé cinq albums dont le quatrième, Hellfire, demeure l’incontestable chef-d'œuvre.
Divisé en huit morceaux allant de trois à treize minutes, cet opus est un monstre de destruction lourde. Je ne dis pas massive, bien que le terme reste approprié. Sa voix est celle de Ravn, une vocifération cruelle et râpeuse à l’haleine cendreuse. Son armure épaisse se construit des murs de sons issus des guitares d’Archaon et de Tjalve et de la bass de Seidemman; c’est le détail de ce tressage solide qui assure la solidité et la cohérence maniaque de l’ensemble. Finalement, l’arme de prédilection de cette entité infernale réside évidemment dans l’artillerie indéfectible et chirurgicalement précise de Frost. L’humeur générale est un sérieux sans prétention, une violence chaotique dirigée mais simplement, naturellement ravageuse, et ça fonctionne.
Excellent exutoire, Hellfire brûle d’une intensité remarquable, et ce, sans jamais manquer d’une certaine grâce mélodique, même si, à d’autres moments, il semble que la volonté principale soit de seulement tout casser. Une seule pièce sort du lot et c’est la pièce titre. D’une durée délibérée de 13 minutes et 49 secondes, elle prend des proportions épiques non pas dans sa longueur, mais dans le paysage mélodique qu’elle impose à l’auditeur. Assez simple dans sa composition, elle exulte tout de même d’une intensité grandissante. La signature de Frost est immanquable et son jeu se déploie de façon tentaculaire. Sans se laisser imposer pour autant, les guitares en constituent l’extension idéale. Commençant et terminant avec le son de flammes, autant le titre que l’univers créé ici s’harmonisent dans le subconscient pour approfondir une toile funeste que tout l’album parfait. Cette pièce est certainement d’une grande importance pour l’ensemble du travail du groupe.
1349 (c’est l’année durant laquelle la Peste atteignit la Norvège), à partir du premier album jusqu’à l’aboutissement que représente celui-ci, parvient à maîtriser une force brute et chaotique qui lui sera extrêmement difficile, voire impossible, de supplanter. En attendant, Hellfire reste un album avec lequel il faut compter.