La formation Rage nous présente un troisième album qui s’annonce un vrai vent de fraîcheur comparativement aux deux premiers albums. « Perfect Man » est sans doute l’album qui les aura propulsé un peu plus de l’avant dans leur carrière musicale. D’ailleurs, c’est avec cet album que j’ai connu ce groupe originaire d’Allemagne. Et je n’ai pas été déçu. Premièrement, expliquons que vers la fin des années 80, en Amérique du Nord, on commençait à se faire envahir par le marché de la musique américaine. Le heavy métal en général s’essouflait de son succès, et les médias s’en désintéressaient grandement. Mes groupes fétiches comme Metallica, Megadeth et Anthrax devenaient plus commerciaux et Iron Maiden s’épuisait dans son peu d’originalité, je n’adhérais aucunement au style de musique plus brutal qu’était le Death qui semblait en pleine ascension.
Je suis tombé sur « Rage » à une époque où le Grunge arrivait et que les métalleux devenaient du jour au lendemain de pauvres types complètement dépassés, cherchant à se raccrocher à un passé éphémère. Ah, les années noires de mon existence! Néanmoins, cet album de Rage m’a soutenu. Ici, le plus grand changement que l’on remarque en premier lieu fut au sein du groupe. En effet, à part Peavy, il ne reste plus personne de la formation originale. Qu’à cela ne tienne, Peavy se déniche un nouveau guitariste, fort talentueux et ayant de bonnes idées pour la composition, Manni Schmidt, et un drummeur efficace du nom de Chris Efthimiadis. Ce nouveau trio sera le nouveau Rage pour plusieurs années à venir.
L’avantage d’un trio, c’est d’avoir une musique qui respire davantage coté sonorité, et cela s’entend sur « Perfect Man ». Avec cet album, Rage nous offre un heavy metal qui n’a plus ses racines dans le thrash comme avant, mais plutôt, dans un jeune mouvement métal qui prend de l’ampleur, c'est-à-dire le speed métal mélodique. Loin d’associer Rage à Helloween, on en ressent la saveur un peu. Cependant, Rage semble être beaucoup plus en maîtrise de ses chansons. Elles sont mélodiques, parfois très rapides, tantôt lentes mais punchées. Il n’y a pas de refrains harmonisés, sauf que Peavey y va d’un nouveau type de vocal. En effet, il chante plus aigu avec des petites poussées à l’occasion. Un peu de Kai Hansen ? Non, pas vraiment. Je crois que le chanteur cerne davantage son identité et, c’est une autre raison pourquoi j’ai aimé ce groupe. C’est du heavy metal mélodique, pas comme Helloween ou Blind Guardian, un type de mélodie propre à Rage.
Un autre point avantageux que Rage nous sert sur cet album, ce sont les solos du nouveau guitariste Manni Schmidt. Ils sont mélodiques, originaux et rafraîchissant à tout ce qui se fait dans le style durant ces années-là. En ce qui concerne la production sonore, elle est intéressante mais pas parfaite. Sauf que pour l’année de sortie de cet album, c’est vraiment correct. Même encore aujourd’hui, même si ce n’est pas une production en béton que l’on retrouve sur le marché actuellement, avec un peu de plus de volume, je crois que cela peut satisfaire les auditeurs. D’ailleurs, il est possible maintenant de retrouver sur le marché des copies remasterisées de Rage (avec des chansons bonus). Tant pis pour moi. Mes disques de Rage, je les ai achetés avant que ces nouvelles versions sortent sur le marché.
Mes chansons préférées : « Wasteland », « Perfect Man », « Sinister Thinking », « Supersonic Hydromatic », « Pilgrim’s Path », « Round trip », « Between the lines », « Symbols of our fear » et l’excellente chanson « Don’t Fear the winter ». D’ailleurs, cet album a tellement eu un effet positif sur le marché métal pour le groupe que, même au Canada, on a eu droit à la diffusion de cette chanson sur les ondes de MusiquePlus durant l’émission « SolidRock ». Le vidéoclip a de tout ce qui a de plus ordinaire mais Rage semblait connaître la voie à suivre pour ses futurs albums.
Quant à savoir, si je recommande cet album aux fans de Power Metal ? En fait, cela dépend, car ce n’est pas le genre de mélodies que vous retrouverez sur les groupes de speed métal mélodique très clichés d’aujourd’hui. Cependant, cela demeure un bon album pour les gens maniaques de métal ayant une bonne ouverture d’esprit, et voulant collectionner les groupes qui ont ouvert la voie musicale aux autres groupes. Sa note est en lien direct avec l’année de sa sortie en 1988. Aujourd’hui, je lui mettrais peut-être une note plus basse comparée à ce que Sonata Arctica a fait ou autres bands de Power mais je dois reconnaître que c’était un bel effort. Un album pour collectionneurs.