Vae Victis est une formation de Black/Thrash Métal allemande qui a fait ses débuts en 2001. Leur nom représente une célèbre citation en latin qui fut prononcée par Brennos, un chef gaulois qui a vaincu Rome dans les années 390 avant Jésus-Christ, signifiant «Malheur aux vaincus». En 2003 il fit paraître un démo éponyme disponible en téléchargement gratuit sur son site internet officiel et cinq ans plus tard, en octobre 2008, ils sont revenus à la charge avec l’album dont il sera question dans la présente critique. Avec un titre aussi direct et évocateur, il est assez difficile de ne pas se faire une bonne idée vers quoi l’écoute se dirigera, mais derrière ces quatre mots se cachent quelques surprises.
Un aspect intéressant que le groupe a su bien exploiter est la convergence entre les deux styles qu’ils adoptent, soit le Black et le Thrash Métal. Il a réussi à prendre tous les bons côtés et les caractéristiques marquantes de chacun et les a combinées pour créer un produit fini qui vaut la peine d’être exploré avec une attention particulière. J’en conviens qu’il n’a pas créé une nouvelle approche étant donné que plusieurs formations oeuvrent déjà dans le domaine (Aura Noir, Deathhammer, etc.), mais il le fait d’une manière différente qui saura assurément attirer l’attention des amateurs.
Musicalement parlant, Vae Victis impose une rapidité et une agressivité assez intéressante. Par contre, il ne tombe pas dans le cliché du groupe qui compose des chansons très répétitives et sans saveur qui ne s’avèrent que du «bûchage» intensif. Chaque pièce de l’opus a certaines caractéristiques qui font qu’elles sont uniques. De plus, il a su alterner les moments plus intenses avec certains passages plus calmes, mais tout de même en gardant en tête la mission première du Thrash Métal qui est de tout détruire. En ce qui concerne la guitare, elle est crue et claire comme il est si bon d’entendre dans les classiques de «Vrai» Black Métal. Elle assure une présence et une énergie impressionnante faisant penser qu’il y a plus d’un guitariste, ce qui n’est pas le cas. Au niveau des percussions, le batteur démontre un talent et une justesse digne des meilleurs. Ses rythmes sont variés et il n’a pas peur de se lancer dans de courts solos, ce qui peut paraître un peu louche en premier lieu, mais qui ne fait pas trop divaguer la cadence de l’effort. Contrairement à plusieurs groupes, celui dont il est présentement question laisse une place de choix à son bassiste. En effet, lui aussi a la chance de faire quelques solos et il est audible sur la totalité des pièces, ce qui fait remarquer davantage son importance et la dimension qu’il apporte. Dans un autre ordre d’idées, la partie vocale, assumée par Raven, est un vrai délice. Crasseuse, coulante, puissante et gutturale à souhait, elle est un des attraits principaux du disque qui le rend encore plus unique. Sans toutefois être identique, mais étant tout de même dans la même veine, elle ressemble à celle de Mortuus de Marduk.
Malheureusement, malgré tous les points positifs qui font de «Black Fucking Thrash Metal» une valeur sûre, ce dernier comporte certains défauts qui en feront déchanter plusieurs. Tout d’abord, quelques reprises, certaines expressions pouvant être entendus lors d’une performance sur scène se font entendre. Par exemple, des expressions comme «Come On !» sont placées à la fin des couplets, ce qui m’a vraiment fait grimacer. Par ailleurs, l’album est extrêmement court. Il totalise environ vingt-six minutes et il comprend deux nouvelles versions de chansons déjà disponibles sur leur premier démo qui lui était de dix-sept minutes. En plus de laisser l’auditeur sur sa faim, le quatuor balance deux vieilles créations qui n’ont qu’une meilleure sonorité. Peut-être aurait-il dû attendre d’avoir assez de matériel pour proposer à ses amateurs un vrai opus pleine longueur ne contenant que des nouvelles compositions. Finalement, malgré le fait que ce soit un détail superficiel, la pochette est sincèrement décevante et n’aidera assurément pas à augmenter les ventes en attirant l’œil du consommateur.
En résumé, Vae Victis propose un produit fini intéressant dans l’ensemble, mais qui vient perdre un peu de crédibilité étant donné ses multiples anicroches. Malgré tout, l’album dont il a été question dans cette critique reste un petit bijou qui ne fait que mettre la table pour la prochaine sortie des Allemands qui ont su marier deux styles avec brio et qui continueront de cheminer et de s’améliorer avec les années.