L'année 2008 à été le cadre de plusieurs sorties pour les protégés de Moribund Records, une maison qui se spécialise dans la promotion de groupes (ou plutôt de one-man band) ayant plusieurs points communs, mais produisant une musique aussi sombre et glaciale qu'elle est diversifiée (ou presque). Des formations telles que Dodsferd, Spektr, Leviathan, Krohm, Horna, Avsky, Azaghal pour ne nommer que celles-là ont une provenance variée dans le monde : Finlande, Suède, France, Grèce, États-Unis. En 2008, la Norvège garde encore sa légendaire réputation de pouponnière du black métal, mais ça fait très longtemps que l'on sait que le style a trouvé racine ailleurs. Et c'est une surprise de voir que le Royaume-Uni y a mis du sien.
Necronoclast, avec son second album Monument présente à travers Moribund un black metal aux relents de doom. À travers ses 51 minutes en sept pièces, cette dernière influence se fait bien sentir. Rien ne s'exécute avec grand empressement, et ce, peut-être pour ne rien perdre de la musique. Chaque morceau s'étire et laisse la froidure inhérente créer l'atmosphère que partage – à s'y méprendre – Brown Jenkins (sans l'emphase sur les guitares) et Spektr (sans sont approche industrielle). Je dirais que la somme est minimaliste; le meilleur exemple est l'introduction instrumentale « Resurrection » que je trouve très seyante au tout. Chaque son se retrouve presque démantelé en une simple mélodie hantant le reste de l'album. Suit « Monument to the Dead » où encore il est possible d'entendre tous les instruments distinctement, même la bass, qui a cette qualité ici d'être indépendante la plupart du temps.
Malheureusement, la suite ne semble pas innover après cela. Comme je disais, tout se passe relativement lentement. La volonté n'est pas de surprendre par des riffs extraordinaires, ou des prouesses de vitesse, ou même encore par un chant se démarquant du reste. Mais la qualité de Monument est de rallier l'ensemble en une créature photophobique (peur de la lumière) et d'être cohérent jusqu'à ses dernières secondes. « Cauterised » me rappelle beaucoup Brown Jenkins et je ne sais si c'est une bonne chose : le résultat est perturbant, alors je ne peux qu'en être enthousiaste, oui? Sinon, j'aime beaucoup la progression de « Vault » qui est assez mélodique et sans confettis. Ses paroles sont poétiques et belles dans leurs froides réflections : « This vault / twisting and turning / the walls lined with the past / Memories of dead seasons / Times beyond these empty days ». Non pas qu'il soit possible de discerner les mots, c'est la générosité douteuse du groupe de laisser avec le disque un livret contenant les paroles de trois des morceaux, soit « Monument to the Dead », « Mourning Life » et « Vault »; il est donc incomplet. Autrement, le dessin du dessus est fort bien réalisé, présentant un crâne d'où s'échappe des chutes d'eau des orbites des yeux et sur le front duquel se décompose un cadavre qui se fait déchirer par un corbeau géant en plein vole. Des arbres dénudés y poussent aussi. Je ne crois pas avoir à en dire plus…
Mis à part les deux premiers morceaux et « Vault », Monument échoue à garder mon attention bien longtemps, comme de fait, je n'arrive jamais à me souvenir d'une quelconque distinction entre « Mourning Life » et le reste de l'album – de même pour « Severance » (sauf que celle-ci est la plus longue avec ses douze minutes). Mais il est réconfortant de penser que, quand bien même Necronoclast proviendrait du Royaume-Uni, il ne sonne en rien comme Cradle of Filth, jeune ou vieux.