En juin 2007, la formation québécoise Liva nous est revenue avec un deuxième album intitulé De Insulis. Alors que le premier album ‘Requiem’ nous offrait des pièces d'ordinaire classiques dédiées aux morts refaites avec une touche métal fort intéressante, ‘De Insulis’ s'inspire cette fois des poésies antiques d'Alain de Lille. Ai-je mentionné que Liva chante exclusivement en latin? C'est en effet le cas, mais ce n'est pas ce qui fait du groupe son originalité. L'influence classique est très forte dans cette musique aux accents death, presque doom, indéniablement symphonique. À travers les dix chansons, on ne saurait se passer de la virtuosité du violon électrique de Catherine Elvira Chartier auquel s'ajoutent la guitare, la basse, la batterie, tout exécutés avec talent par Pier Carlo Liva, Simon Roy-Boucher et Sébastien Breton respectivement. Notre altiste chante également d'une véritable voix d'opéra, de concert avec celle plus death du guitariste, mais qui s'adoucira en vocal clair lorsque les chansons le demandent.
Cette organisation a très bien fonctionné pour le premier CD et n'a aucune raison d'échouer pour ce deuxième. Malheureusement, ‘De Insulis’ ne répond pas à toutes les exigences que Requiem a instaurées, mais il faut préciser que la barre est haute. Omnis mundi creatura ouvre le bal avec une introduction à la Liva, c'est-à-dire très mélodique avec une touche atmosphérique, mais dans ce contexte on a vite hâte que la voix claire laisse place à sa contrepartie death. Ensuite vient Rosa marcet oriens qui pourrait bien faire partie de l'album précédent, malgré son atmosphère définitivement moins lourde. Le solo de violon seul vaut la peine d'être entendu. Sic mors vitam a presque la qualité d'être expérimentale, de même que la dernière, Postludium. Mortis Est Conclusio est très bien, de même que le petit passage de violon rapide qui rappelle fugitivement Enio Moricone, c'est une chanson qu'il faut entendre live, en plus de Regula mundi : une autre qui vaut le détour de par son côté agressif accrocheur et par les différents contrastes de chant d’opéra et death, de l'acidité de la guitare et la pureté du violon. Suit Lucido lunae qui complète parfaitement la précédente, avec une introduction coupée assez tôt par la guitare et la basse qui viennent nous remette en tête que c'est un album métal et non pas exclusivement classique. Terra superbit, le plus long morceau, est d'une durée de 12 minutes. Ici, la basse est agréablement plus présente. Les riffs sont accrocheurs, variant l'agressivité et l'acoustique. La voix claire du guitariste est plus intéressante ici qu'ailleurs dans l'album, de même que se calcule bien la portée de la voix de la chanteuse dans cette pièce. Pour Lingua fidelis, si l'on exclut l'intro un peu trop « space» à mon goût, son potentiel réside encore dans les jeux de guitare et de violon, mais son rythme lent et son atmosphère particulière sont déconcertants par moment. L'album se termine sur Postludium, un morceau acoustique où l'on entend un enfant pleurer tout le long. J'ai de la difficulté à comprendre le choix de cette conclusion, car, en plus, musicalement, elle ne se démarque pas particulièrement.
De Insulis est un bon album, il vaut la peine d'être écouté, ne serait-ce que pour Rosa marcet oriens, Mortis est conclusio et Regula mundi, mais si vous vous attendez à quelque chose d'aussi riche et unique que Requiem, il y a de quoi décevoir. Autrement, il n'y a pas à se plaindre de la qualité sonore et le travail artistique de la pochette de l'album est très réussi.