Cela faisait déjà un bon moment que l’on attendait ce nouvel album de Sigh, intitulé Hangman’s Hymn. Enfin à nos portes (ou dans nos stéréos ou nos lecteur mp3, comme vous voulez) ma première constatation fut la suivante : il s’agit du meilleur album de Sigh depuis Hail Horror Hail, ce qui n’est pas une déclaration que l’on lance à la légère, j’en convient, compte tenu du catalogue sans faille (Hangman’s Hymn étant le 7e album de cette troupe de Japonais) qu’ils ont jusqu’a ce jour. Mais effectivement, la ou Imaginary Sonicscape et Gallows Gallery manquaient en intensité ce nouvel album se fait un devoir de revigorer le son de Sigh pour effectuer un quasi-retour aux sources : on jurerait entendre Infidel Art, un de leur premier albums, sur un mix de stéroïdes et d’acide. Pour résumer simplement l’album et vous donnez une référence directe, on jurerait un mélange de musique classique européenne (Schubert, Liszt et même Wagner) et de thrash allemand (Kreator, Destruction, Sodom).
Beaucoup plus vicieux que les deux albums précédents (Imaginary Sonicscape focusait plus sur le coté rock/psychédélique et Gallow’s Gallery, l’excellente anomalie dans le catalogue de Sigh, était un album plus expérimental avec une approche assez unique au niveau de la voix), Hangman’s Hymn marque le retour de Mirai à sa voix criarde d’origine lorsqu’ils jouaient un black metal plutôt déjanté, et l’approche musicale est aussi plus agressive. On ne retrouve pas ici d’influences jazz, indienne ou psychédélique comme ce fut le cas sur les albums précédents.
L’album qui est un « semi-concept » comme le dit Mirai, est en 3 actes : le premier acte compte trois pièces et constitue le passage le plus virulent du disque. L’album ouvre a vive allure avec Introitus/Kyrie avec dèsles premières secondes la présence d’une orchestration pompeuse et excentrique, sur un fond de riffs thrash traditionnels Inked in Blood suit avec le même niveau d’intensité, en plus d’offrir un refrain complètement délirant. Me-Devil termine l’acte à la même vitesse pour aboutir au très symphonique The Master’s Malice.
L’orchestration est utilisée pour donner un coté imposant, voir excentrique aux pièces et le résultat est sublime et à de quoi faire pâlir même les meilleures orchestrations de Cradle of Filth. Le disque maintient un niveau d’agressivité continu à l’exception de 2 ou 3 pièces plus modérées au niveau du tempo. Lorsqu’on s’y attarde on peut remarquer que l’album est assez complexe au niveau de sa structure et que de nombreuses progressions de cordes se répètent tout au long de l’album et qu’à l’origine, Mirai voulait que l’on voit l’album comme une seule longue pièce de 45 minutes – résultat accompli, car le disque coule et s’enchaîne à merveille. C’est un pur plaisir, autant au niveau des mélodies, de l’orchestration Wagnérienne sur les psychotropes que des excellents solos de guitares offert par plusieurs musiciens invités tel que Rob Urbinati de nos légendaires thrashers Ontarien Sacrifice, de Chuck Keller du très bon Ares Kingdom ou de Gunface de The Red Chord. In Devil’s arms à des allures de Iron Maiden par moments (surtout par le jeu double de guitares) et présente un refrain qui ressemble à un chant de pub irlandais après un ou deux barils de bière noire (on jurerait Dropkick Murphy qui s’est introduit par effraction dans le studio de Sigh pendant l’enregistrement). Et que dire de la finale épique et tragique de I Saw The World’s End…il y a tout simplement trop de bons moments sur ce disque pour les énumérer tous. Sigh a réalisé une fois de plus un tour de force qui mérite nos applaudissements.
Les attentifs remarquerons que des passages des autres pièces se trouvent réunies dans la grande finale, Hangman’s Hymn/In Paradisum/Das Ende, qui marque comme son nom l’indique en allemand, la fin d’un des meilleurs disques metal de l’année. Un incontournable pas seulement pour les fans d’avant-garde mais autant pour les fans de thrash, de black, ou de bonne musique en général, qu’importe.
Longue vie à Sigh!