Spectacle: 24 janvier 2008 au Foufs de Montréal
Organisateur: BCI
Photographe: Mely Pilon
Compte-rendu: Sébastien Léonard

Quand j’arrive à l’heure où le spectacle est supposé commencer et qu’une file est formée devant la porte du deuxième étage toujours fermée, je me dis qu’il y a peut-être quelque chose qui cloche. J’apprends rapidement qu’Echoes of Eternity et Cellador ne seront pas là ce soir, l’un n’ayant pas passé la frontière et l’autre ayant quitté la tournée. Dommage pour les fans de ces groupes. Du même coup, j’apprends que Richard Martineau est présent, car l’émission les Francs Tireurs fait un reportage sur la scène métal au Québec. Il est vraiment intéressant de voir qu’un grand média s’attarde sur notre musique fétiche. Dû au rétrécissement subit de l’affiche, le tout ne commence que près de deux heures plus tard. J’ai toutefois la chance de revoir plusieurs acteurs de l’univers métal local et, à ma grande surprise, je constate que Marco Calliari (ex-Anonymus et maintenant chanteur de musique italienne) accompagne l’équipe de télévision pour le reportage. Je suis plus qu’heureux de voir que ce sympathique personnage utilise sa nouvelle notoriété pour aider la cause du métal. D’autant plus qu’il est resté tout ce qu’il y a de plus terre à terre et qu’il a semblé aussi content de me voir qu’au temps où je le croisais à chacun des spectacles de son ancienne formation à Montréal. Bravo Marco!

La salle de spectacle des Fouf a amplement le temps de réunir un bon nombre de personnes qui semblent attendre avec impatience que les membres d’Unexpect fassent leur entrée. Ils forment un des groupes de métal extrême qui ont le vent dans les voiles. Tout en étant en première partie, une bonne partie de leurs admirateurs ont fait le déplacement. Dès les premières notes, une douce folie collective s’installe lentement. Une de mes premières peurs est vite dissipée. Les sept membres semblent réussir à maximiser le peu d’espace que la petite scène des Fouf leur offre sans se marcher sur les pieds les uns les autres. Borboën et Chaoth sont déjantés à souhait et Leïlindel, à la présence scénique aussi originale que géniale, y va de ses mouvements de corps rappelant avec brio la danse moderne; sûrement une des filles les plus belles et charmantes de la scène actuelle. Comme à l'accoutumée, c’est Syriak qui s’occupe de communiquer avec le public et il prend bien soin de nous demander de nous démener pour les caméras. Il est particulièrement intéressant de voir à quel point leur musique crée des réactions différentes pour chaque spectateur. Du thrash effréné à une danse aussi folklorique que passionnée, en passant par un hochement de tête les yeux mi-clos, chacun y trouve son compte. Pour tous ceux qui se demandaient comme moi comment sonnerait une musique si riche en sonorités de toutes sortes en ce lieu à la réputation inégale, la réponse fut franchement satisfaisante. Même si le son du violon était trop marqué au début du spectacle, le clavier d’Exod sort très bien son épingle du mix et les voix de Artagoth et Leïlindel s’harmonisent plus qu’elles ne sont en compétition. Tout en axant la performance sur leur excellent dernier album, In a Flesh Aquarium, ils n’oublient pas de jouer quelques pièces d’Utopia pour les fans de longue date comme moi. Quelle joie d’entendre la foule demander un rappel à la fin de la prestation, ce à quoi le groupe répond par l’affirmative pour le bonheur de tous présents. Pour ceux qui ont lu ma critique du spectacle du dixième anniversaire, vous pouvez peut-être m’accuser d’être trop positif à leur égard mais, que voulez-vous, on ne peut empêcher un coeur d’aimer.

Comme j’apprécie, sans en être dingue, la musique de Trail of Tears, je m’inquiète un peu pour eux de voir la salle se dégarnir si rapidement. D’autant plus que les Norvégiens en sont à leur première visite à Montréal. Même si plusieurs reviennent dès qu’ils entrent en scène, j’aurais préféré que tous ceux qui sont venus encourager nos idoles locales restent pour démontrer l’accueil qui a rendu Montréal si populaire à l’échelle mondiale. Je ne sais pas si c’est pour cacher sa déception, mais le groupe semble s’enfermer dans sa bulle et enligne sans réelle passion les pièces les unes après les autres. Le chanteur semble parler à une foule qui n’est pas présente et son regard semble passer par-dessus les quelques vrais admirateurs qui se sont accumulés devant le stage. Cathrine, la chanteuse, semble être la seule à apprécier notre présence, tout en gardant cet air de nouvelle venue qui n’a pas trop l’habitude de la scène métal. Sans remettre en question ses connaissances musicales, elle est vraisemblablement de l’école classique, à l’instar de Tarja, l’ex-chanteuse de Nightwish. Le tout est pourtant bien exécuté, même si la présence de parties préenregistrées n’égale pas la fraîcheur d’un claviériste en chair et en os. À la lumière de ce que je vois ce soir, je préfère grandement écouter leurs disques que de les entendre sur scène. Trêve de critiques. Après un accueil aussi froid, je salue leur professionnalisme d’avoir joué un spectacle complet et d’avoir répété à maintes reprises, que cela soit vrai ou pas, leur plaisir d’être parmi nous pour la première fois. Après quinze ans d’assistance à des spectacles, j’ai rarement vu le groupe principal d’une soirée recevoir aussi peu d’insistance pour un rappel à la fin de la prestation, lumières ouvertes ou pas. Une fin si abrupte me désole pour ce groupe qui ne l’a pas méritée plus que tant de d’autres.